dimanche 21 septembre 2014

I fall to pieces (1961)

Patsy Cline: I fall to pieces (1961)

I Fall to Pieces by Patsy Cline on Grooveshark

Patsy Cline n'a pas été la première femme a s'imposer dans le monde de la country-Patsy Montana et Kitty Wells y étaient parvenues avant elle-, mais elle a beaucoup contribué à l'écriture du grnad livre de ce genre musical et son enseignement a profondément marqué la quasi-totalité des interprètes, de George Jones à Trisha Yearwood. Si Montana a donné un son très simples à ses disques et Wells, chanté sur un ton nasillard bien en accord avec celui de ses guitaristes, le style fluide de Patsy Cline a combiné le désir de raconter une bonne histoire country et le sens du tragique d'une chanteuse pop.
Elle a été assistée en cela par Owen Bradley, responsable du bureau de Nashville de Decca où elle signa avec ce label en 1960. Cline avait connu un premier succès en 1957 avec Walkin' After Midnight, mais aucun de ses singles suivants n'avait accedé aux hit-parades. Le changement de label lui a été bénéfique. Première collaboration du duo, I fall to pieces est arrivé en première place dans les hit-parades country et a réussi à se placer en 12e position dans le Hot 100 de Billboard.
Cline a assis sa réputation en faisant suivre I fall to pieces par Crazy, un des premiers tubes écrits par Willies Nelson. La carrière prometteuse de la chanteuse s'est achevée brutalement en 1963 quand, à 30 ans, elle a péri dans le crash de l'avion qui transportait également les chanteurs Cowboy Copas et Hawkshaw Hawkins. Le pilote était Randy Hugues, le manager de Cline. (Source: Les 1001 chansons..., Editions Flammarion)

Johnny remember me (1961)

John Leyton: Johnny remember me (1961)

Johnny Remember Me by John Leyton on Grooveshark

Les "death discs" ou "disques tragiques", ont connu un bref succès pendant l'ère préBeatles en racontant des drames adolescents culminant dans des histoires à la Romeo et Juliette.
Ce qui est peut être le meilleur exemple du genre a été enregistré dans le cadre assez improbable d'un appartement de Holloway Road, à Londres: des câbles reliant les diverses pièces, l'acteur de télévision John Leyton chantait dans le salon et les choristes dans la salle de bains, la section des cordes campait dans l'escalier et, dans la cuisine, Joe Meek mixait le tout et comprimait lourdement l'ensemble pour créer ce son brillant et aigu qui le caractérisait. Le résultat a été un véritable ouragan, avec Billy Guy raclant sa guitare en un implaccable flamenco, tandis que le batteur Bobby Graham et le bassiste Chas Hodges (futur membre du duo "rockney" Chas & Dave) suivaient un tempo ultrarapide sorti totu droit du tube country de Vaughn Monroe Rides in the sky (1949)
Le parolier Geoff Goddard avait évité de préciser que "la fille que j'ai aimée et perdue il y a un an" était bien morte, mais le chant éthéré de Lissa Gray ne permettait aucune ambiguïté. Les rapports avec le monde des esprits allaient toutefois plus loin que quelques effets sonores inquiétants: en septembre 1961, Goddard expliquait dans la revue Psychic News que la chanson lui avait été dictée en rêve par le fantôme de Buddy Holly. Le chanteur à lunettes est encore revenu pour lui apprendre qu'elle serait n°1- ce qui s'est vérifié. (Source: Les 1001 chansons..., Editions Flammarion)

Back door man (1961)

Howlin' Wolf: Back door man (1961)

Back Door Man by Howlin' Wolf on Grooveshark

Willie Dixon était l'un des acteurs de la meilleure musique de blues de Chicago de l'après-guerre; Muddy Waters, Little Walter et Howlin Wolf ont occupé le devant de la scène grâce àWillie Dixon, lequel a écrit, produit et/ou joué sur nombre de tubes de ces bluesmen.
Wolf est certainement celui qui a profité le plus de son association avec Dixon. Après  avoir connu le succès en 1954 avec Evil de Dixon, Wolf a recouru presque exclusivement aux compositions de ce dernier pendant la première partie des années 60. Il s'est ensuivi l'une des plus impressionnantes séries de tubes de l'histoire du blues avec des classiques tel que Spoonful, The Red Rooster (également intitulé Little Red Rooster) ou encore Back Door Man. Ce titre correspondait parfaitement à Wolf-une ballade nocturne au texte à la fois angoissant et sexuel. Wolf incarne si bien le personnage de la chanson que l'inquiétude s'était emparée de tous les maris de son voisinage. Il est on ne peut plus crédible dans son rôle de Casanova/.prédateur avec des phrases aussi menaçante que "When everybody's trying to sleep/ I'm somewhere making my midnight creep" (Quand tout le monde cherche à dormir, je suis là a m'approcher à pas de loup). L'accompagnement musical plutôt lent est assuré par les musiciens de studio habituels de Wolf.
Cette chanson est sortie en face B de Wang Dang Doodle. Présente sur divers albums, elle est devenue un standard du blues. La reprise la plus connue est celle des Doors en 1967, sur leur album homonyme. (Source: Les 1001 chansons..., Editions Flammarion)

Lazy River (1961)

Bobby Darin: Lazy River (1961)

Lazy River by Bobby Darin on Grooveshark

Bobby Darin était au summum de sa carrière vers 1960. Il avait enchaîné d'innombrables succès dont Splish Slpash et Dream Lover (qu'il avait lui-même écrits), et des reprises avec big band de standards comme Mack the knife ou encore Beyond the Sea, version anglaise de La Mer de Charles Trenet. Il triomphait sur scène et passait régulièrement dans les clubs de LasVegas ou au Copacabana de New York.
Atco, le label de Darin, souhaitait le voir changer de style et tirer profit de la vague montante du rock'n'roll. Darin a préféré suivre le conseil de son amie et agent, Harriet "Hesh" Wasser, et continuer à faire ce qu'il faisait le mieux: des morceaux jazz-pop dans un style swing.
Le choix de Lazy River en 1961 pouvait paraître surprenant. Ecrite par Hoagy Carmichael en 1932 et interprétée par lui avec toute la nonchalance que suggère le titre ( "rivière paresseuse"), cette chanson ne semblait pas convenir au personnage de Darin. Les reprises précédentes avaient conservé l'esprit de la version de Carmichael, hormis l'interprétation de Roberta Sherwood en 1956 qui avait injecté une dose de rythme Nouvelle-Orléans dans ce standard bien calibré. Grâce à l'arrangement puissant, merveilleusement orchestré, de Richard Wess, Darin en a fait un morceau enlevé qui s'est classé au Top 20 américain et a confirmé le statut de grand chanteur de swing de son interprète.
Darin mourra en 1973. Selon sa volonté, son corps a été donné à la science. (Source: Les 1001 chansons..., Editions Flammarion)

Spanish Harlem (1961)

Ben E King: Spanish Harlem (1961)

Spanish Harlem by Ben E. King on Grooveshark

Né en Caroline du Nord en 1938, le chanteur de soul Ben Nelson est allé vivre à Harlem quand il avait 9 ans. Il est entré en 1958 dans la petite formation de doo-wop des Five Crowns dont les musiciens venaient remplacer les Drifters, le manager de ces derniers les ayant congédiés au bout de quelques mois. Nelson a chanté dix chansons des nouveaux Drifters et a coécrit le tube There goes my baby en 1959, puis a quitté le groupe en 1960 lorsqu'on lui a refusé une augmentation de salaire et des royalties convenables.
Nelson a pris alors le nom de Ben E. King et entamé une carrière solo. Son premier succès évoque le quartier de son enfance. On ne peut pas dire que les paroles de Lieber soient d'un très haut niveau mais cela n'a pas d'importance, vu le charme de la mélodie et l'éclat de son arrangement. Beaucoup de choses sont dites en 3 minutes à peine. Les marimbas d'ouverture, la mélodie délicieusement syncopée, l'écho discret, les cordes et l'accompagnement vocal des Gospelaires (dont Dionne Warwick), tout concourt à créer une nostalgie très latino.
Spanish Harlem a été un succès, mais n'est arrivé qu'en 15e position au hit parade R&B de Billboard; il a aussi été n°10 dans son hit-parade de la pop. C'est pourtant devenu un standard très populaire et ses reprises son innombrables (The Mamas & The Papas, Trini Lopez ou encore John Barry); la version d'Aretha Franklin est certainement la plus belle de toutes. (Source: Les 1001 chansons..., Editions Flammarion)

mercredi 17 septembre 2014

Shakin' all over (1960)

Johnny Kidd & the Pirates: Shakin' all over (1960)

Shakin' All Over by Johnny Kid & The Pirates on Grooveshark

Des propos absurdes de Lonnie Donegan avoquant "une ligne de chemin de fer" au large de la Nouvelle Orléans à l'imitation d'Elvis par Cliff Richard (la première en Angleterre), on peut dire que le chemin du rock'n'roll a été ponctué par toute sorte d'emprunts. C'est seulement avec le quatrième 45 tours d'un groupe londonnien, Johnny Kidd & The Pirates, que le rock britannique a trouvé ses marques et appris à innover plutôt qu'à imiter. Pourtant, comme le tube Move it de Cliff en 1958, Shakin' all over (n°1 en Angleterre) devait à l'origine constituer la face B d'un single moins sauvage-dans le cas présent, un vénérable air de jazz intitulé Yes sir, That's my baby.
Ecrite à la hâte dans un bar de Soho la veille de l'enregistrement, la face B en question a été gravée en une seule prise. Avec son fort accent anglais, le borgne Johnny Kid (de son vrai nom Fred Heath) récite une litanie de sensations, inspirée d'une remarque que faisaient ses amis et lui même quand ils voyaient passer une belle fille: "She gives me the quivers down the membranes" (Elle me fait palpiter les membranes).
Les Pirates ont recruté le musicien de studio écossait, Joe Moretti pour son accroche à la guitare en mode mineur; il a créé l'effet de "tremblement" en overdub précédant le refrain en faisant glisser un briquet sur les touchettes, ce qui lui a valu de gagner une livre sterling de plus que prévu par contrat.
L'atmosphère spectrale est due au picking délicat d'Alan Caddy, qui évolue dans le registre supérieur tel un écho en pizzicato à la ligne de basse de Brian Gregg. Dans le solo mémorable de Moretti-précédé d'un roulement de tambour de Clem Cattini (ajouté pour étoffer le disque)-, on entend déjà les prémices de la guitare de George Harrison ou de Keith Richards. (Source: Les 1001 chansons..., Editions Flammarion)

September song (1960)

Ella Fitzgerald: September song (1960)

September Song by Ella Fitzgerald on Grooveshark

En avril 1960, Ella Fitzgerald a fait une pause après l'enregistrement long et difficile de sa série Great American songbook. Avec pour tout accompagnateur le pianiste Paul Smith, elle a gravé 13 chansons pour la bande originale de Que personne n'écrive mon épitaphe. Adapté d'un roman de Willard Motley, le film de Philip Leacock a pour cadre la pauvreté et le crime dans le South Side de Chicago. Ella y joue une pianiste droguée, Flora, aux côtés d'acteurs tels que Shelley Winters, Jean Seberg et Burl Ives. Chacun a oublié le film, mais on peut en entendre la musique sur le CD the Intimate Ella. 
Une des chansons avait pour auteur Kurt Weil, compositeur juif allemand qui avait fui son pays à l'arrivée des nazis et s'était réfugié en Amérique en 1935. Là, il a oublié ses partitions engagées pour les pièces de Bertolt Brecth et s'est lancé dans la chanson et le music-hall. C'est dans l'une de ses premières comédies musicales, Knickerbocker Holiday, jouée à Braodway en 1938, que l'on entend pour la première fois September song.
Lente, langoureuse, la chanson parle d'un amoureux qui passe "quelques jours précieux" avec sa bien aimée. Ella caresse la chanson plus qu'elle ne la chante, et sa voix puissante se fait ici murmure. Le pianiste Paul Smith ne pourrait être meilleur accompagnateur. Ce moment d'intimité a été souvent repris, mais la version guitare jazz de Django Reinhardt est sans aucun doute la plus belle. (Source: Les 1001 chansons..., Editions Flammarion)

Will you love me tomorrow (1960)

The Shirelles: Will love you tomorrow (1960)

Will You Love Me Tomorrow? by The Shirelles on Grooveshark

Classé n°1 de Billboard en 1961, cette chanson de The Shirelles est importante, car elle a ouvert la voie au girl groups qui ont dominé la pop jusqu'à ce que les Beatles déferlent sur l'Amérique. Dans le sillage du n°2 des Drifters, There goes my baby, elle a scellé la relation entre soul et riffs joués sur des cordes. Surtout, elle a repoussé les tabous d'une sexualité explicite et jeté  judicieusement un pont entre l'Amérique d'Eisenhower (quand elle a été enregistrée) et celle de Kennedy (quand elle est entrée dans les hit-parades).
The Shirelles n'ont pas sauté de joie en apprenant que Gerry Goffin avait mis des paroles sur un air que son épouse, Carole King avait oublié sur son magnétophone. De plus, leur chanteuse solo Shirley Owens, n'aimait pas trop l'histoire qu'il lui fallait raconter. On était pourtant à deux doigts de Hair, de Oh! Calcutta! et de l'amour libre. Cette chanson est L'Amant de Lady Chatterley de la pop.
Bien que brillamment interprété et doté d'une mélodie de qualité, ce morceau doit tout à l'audace incroyable de ses paroles. Un adolescente envisage de sacrifier sa virginité et exige de son petit ami qu'il soit toujours là quoi qu'il advienne (n'oublions pas qu'à cette époque, la pilule n'existait pas et que l'avortement était interdit). Le titre a été repris par de nombreux artistes dont Dusty Springfield, Dionne Warwick, les Bee Gees, Cliff Richard et Brian Ferry. (Source: Les 1001 chansons..., Editions Flammarion)

The Clik song (qongqothwane) (1960)

Miriam Makeba: The Clik song (Qongqothwane) (1960)

The Click Song by Miriam Makeba on Grooveshark

Elle était chanteuse, actrice et militante politique. Elle a chanté pour des présidents et été reçue par le pape. Elle a été la première Africaine a remporter un Grammy et on la surnommait "Mama Afrika" ou encore "l'impératrice de la chanson africaine". Miriam Makeba est surtout connue en dehors du continent noir pour sa chanson Pata pata qui a d'ailleurs été repris par Sylvie Vartan sous le titre Tape tape.
Son interprétation d'une chanson traditionnelle xhosa, Qongqothwane, a initié le public occidental à la musique africaine. Les Amricains, tout particulièrement, ont été émerveillés par la série de "clicks présents en xhosa, la langue natale de Makeba. Le Time a comparé au "bruit d'un bouchon de champagne qui saute" ces sont étonnants nés, pour certains, du claquement de la langue contre l'arrière des dents. Dès les premières critiques parues dans Billboard en 1960, les journalistes l'ont surnommée la "click click girl".
The Clik song sera pendant 50 ans un morceau incontournable de tous ses concerts même si Miriam Makeba, ambassadrice de la conscience noire, n'ignorait pas l'aspect "exotique" du morceau. C'est seulement après la fin de l'apartheid qu'elle a enregistré une nouvelle version en studio pour son ultime album, Reflections (2004). (Source: Les 1001 chansons..., Editions Flammarion)

Oh Carolina (1960)

Folkes Brothers: Oh Carolina (1960)

Oh Carolina by Folkes Brothers on Grooveshark

Il est évident que l'industrie musicale jamaïcaine existait bien avant la sortie de Oh Carolina, mais cette chanson marque pour beaucoup le début de la maturité musicale de la Jamaïque. On a ici affaire au premier enregistrement à la saveur rasta, à la première production de Prince Buster et au premier exemple d'une pop jamaïcaine qui se voudrait intemporelle.
Les Folkes Brothers (John, Mico et Junior) ont rencontre Prince Buster dans le magasin de vins et spiritueux de Duke Reid, où ils passaient une audition. Ils chantaient du mento (une musique jamaïcaine des années 30 proche du Calypso); mais Buster y décela quelque chose d'assez personnel. Il s'était déjà fait un nom avec ses sonos d'extérieur et cherchait à présent à s'imposer comme producteur et propriétaire de label. Impressionné par les trois frères, il les a invités à enregistrer. Oh Carolina est née en studio de l'enthousiasme des trois frères, accompagnés par Owen Gray au piano et par Count Ossie, un vieux rasta qui jouait du nyahbhingi (instrument de percussion d'origine africaine).
La chanson a connu un succès immédiat en Jamaïque et a valu à Prince Buster de s'imposer dans le petit monde du show-busisness. Les Folkes Brothers ont disparu assez rapidement; cependant, lorsque le changteur reggae Shaggy a repris Oh Carolina, John Folkes a attaqué Prince Buster, qui s'était attribué la paternité des paroles. Il a remporté son procès... et les royalties y afférentes. (Source: Les 1001 chansons..., Editions Flammarion)

dimanche 14 septembre 2014

Chaje Shukarije (1960)

Esma Redzepova: Chaje Shukarije (1960)

Chaje Shukarije by Esma Redzepova on Grooveshark

Appelée à juste titre la "Reine des gitans", Esma Redzepova fait connaître au monde entier depuis 50 ans la musique tzigane des Balkans. Née dans une famille rom de Skopje, en Macédoine, elle danse et chante depuis l'enfance. Après avoir remporté un concours de chant en 1956, Esma est remarquée par le chef d'orchestre macédonien Stevo Teodosievski et quitte l'école pour devenir chanteuse professionnelle.
Pour avoir chanté en macédonien, en serbe et dans sa langue natale, le romani, Esma était très appréciée du président Tito, le dirigeant de la Yougoslavie, qui l'a envoyée avec l'ensemble Teodosievski à l'étranger en tant que représentants de la Yougoslavie socialiste: le mariage réussi entre ballades orientales et airs de danse des Balkans a su conquérir un vaste public.
Chaje Shukarije ("La belle fille" en romani) a été l'un des premiers succès d'Esma: il parle d'un jeune homme amoureux d'une beauté qui le repousse. Avec son accordéon, sa clarinette et ses battements de mains frénétiques, le refrain de Chaje Shukarije fait hurler les foules chaque fois qu'Esma l'entonne. Devenu un standard des Balkans, cette chanson a été jouée par d'innombrables fanfares tziganes, des chanteurs pop ou encore des orchestres de jazz. En 2007, elle a accompagné le générique d'ouverture du film Borat! de Sacha Baron Cohen. Esma était une légende vivante des Balkans et son action auprès des réfugiés des guerres yougoslaves lui a valu d'être proposée à deux reprises pour le prix Nobel de la paix. (Source: Les 1001 chansons..., Editions Flammarion)

Wondrous Place (1960)

Billy Fury:Wondrous Place (1960)

Wondrous Place by Billy Fury on Grooveshark

Idole de la pop, Billy Fury, de son vrai nom  Ronald Wycherley, était un artiste de studio, un compositeur et un rocker de talent, très remarqué par ses prestations sur scène ou à la télévision.
Wondrous Place convenait à merveille à l'homme au costume en lamé argent. Ciselé par deux auteurs d'Elvis et gravé à l'origine aux Etats Unis par Jim "Handyman" Jones, ce morceau a été le Heartbreak Hotel de la pop anglaise, chambre d'écho comprise. Comme Fury, le producteur de télévision Jack Good était convaincu que l'atmosphère étrange, un peu distante, de la chanson constituait un excellent choix: "On voulait tous les deux quelque chose évoquant les bayous comme le Crawfish d'Elvis Presley. Billy était fabuleux sur scène quand il jouait ça."
Avec d'inquiétantes pauses vocales et un accompagnement instrumental minimaliste, cette chanson marchait très bien en concert. Fury l'aimait tant qu'il l'a enregistré à 5 reprises. Même si c'est aujourd'hui un classique du rock'n'roll anglais au même titre que Move it! de Cliff Richard et Endless Sleep de Marty Wilde, ce titre n'a jamais fait mieux que n°25 dans les hit-parades des singles anglais.
La chanson a franchi les décennies. Il y a quelques années, une pub télé pour la Toyota Yaris la reprenait et le chouchou des Indés, The Last Shadow Puppets, en a enregistré une version fabuleuse en 2008 pour la face B de son premier single. (Source: Les 1001 chansons..., Editions Flammarion)

Mack the knife (1959)

Bobby Darin: Mack the knife (1959)

Mack the Knife by Bobby Darin on Grooveshark

Mack the knife a figuré au sommet des hit-parades américain et britannique. La chanson a été écrite en 1928 pour la ballade de Brecht et Weill intitulée Die Moritat von Mackie Messer (La complainte de Mackiel le Surineur), qui était le thème de leur Opéra de quat'sous-Mackie s'inspirant du personnage de Macheath dans L'opéra du gueux de Joh Gay. Mark Blitzstein en avait rédigé les paroles en anglais en 1954.
Bobby Darin a eu envie d'interpréter la chanson après avoir entendu la version de Louis Armstrong en 1956. Au début, il n'était pas certain de vouloir la sortir sous la forme d'un 45 tours, mais celle ci est restée classée 9 semaines en tête du Hot 100 de Billboard et la version jazzy de Darin était la meilleure, selon Frank Sinatra.
Sinatra avait un excellent jugement. Le plus gros succès de Darin lui a valu d'obtenir les Grammy de meilleur nouvel artiste de l'année (1959) et de meilleure performance vocale. Même s'il n'allait jamais faire mieux que Mack the knife, Darin a créé plusieurs chansons qui ont figuré dans le Top 10 jusqu'au milieu des années 60, mais sa popularité a décru avec la multiplication des chanteurs écrivant leurs propres textes. Cependant, cette chanson n'a jamais été réellement démodée et a été reprise par le chanteur des Who, Roger Daltrey, sur la bande originale du film Mack the knife (1989) ainsi que par Kevin Spacey, qui joue le rôle de Darin dans Beyond the sea. (Source: Les 1001 chansons..., Editions Flammarion)

Shout (Parts 1 & 2 ) (1959)

The Isley Brothers: Shout (Parts 1 & 2) (1959)

Shout (Parts 1 & 2) by The Isley Brothers on Grooveshark

En interprétant la partition vocale avec les voix se répondent de Lonely Teardrops, morceau de doo-wop mélancolique de Jackie Wilson, les Isley Brothers avaient ajouté un vers qui appelaient une réponse et signifiait "Vous savez que vous me donnez envie de crier". Or, le public de Washington D.C. avait réagi en conséquence. Profitant de ce succès, un responsable du label RCA présent dans le public avait engagé les frères Isley et leur avait suggéré d'élaborer une chanson autour de ce concept d'interaction avec le public. O'Kelly, Ronald et Rudolph Isley avaient déjà l'expérience du gospel; ils allaient alors utiliser leur talent pour une autre musique.
Shout allait devenir un classique et atteindre des records de ventes, malgré son faible succès au hit-parade. Produit par le duo Hugo et Luigi (Hugo Peretti et Luigi Creatore) du Brill Building, où étaient produits de grands succès de la pop, le titre avait été réparti sur les deux face d'un 45 tours, la partiev essentiel figurant sur la face A, et la participation du public sur la face B. Shout se révèle un disque enthousiasmant, construit autour d'une interaction entre les artistes et le public.
L'inspiration à l'origine du disque n'allait pas durer cependant, et les frères ne la retrouveraient qu'une fois les années 60 écoulées, même si leur carrière allait être émaillée d'autres bons morceaux, peut être même encore plus vivant que Shout. Il y a eu de nombreuses reprises de la chanson, notamment la version de 1964 de la célèbre chanteuse écossaise Lulu. Cette dernière n'interprète pas sa 2e partie, qui fait l'objet d'une version brillante dans la scène mémorable d'une fête de fraternité d'étudiants dans un film datant de 1978, American College. La performance de l'orchestre fictif d'Otis Day & the Knights y est si convaincante qu'elle a ensuite donné lieu à un enregistrement. (Source: Les 1001 chansons..., Editions Flammarion)

I only have eyes for you (1959)

The Flamingos: I only have eyes for you (1959)

I Only Have Eyes For You by Flamingos on Grooveshark

Interprétée pour la première fois sous la forme d'un duo en partie chanté et en partie parlé par Dick Powell et Ruby Keeler dans le film Dames de 1934, la chanson I only have eyes for you est rapidement devenue un classique des répertoires. Elle était un morceau privilégié des artistes du doo-wop, notamment Tin Pan Alley, durant les années 50. Il est un peu surprenant que son enregistrement ait incombé aux Flamingos, un groupe de Chicago qui avait réalisé plus d'une dizaine de titres qui n'avaient pas marché entre 1953 et 1958.
L'arrivée parmi les Flamingos de l'arrangeur Terry Johnson et du producteur George Goldner a suscité un nouvel intérêt pour le groupe. Ce sextette est entré pour la première fois au hit-parade avec Lovers never say goodbye avant que Goldner ne l'encourage à collaborer avec Tin Pan Alley pour puiser de l'inspiration chez ce dernier. Le succès à été immédiat: soutenue par une section rythmique majestueuse, la voix plaintive et élégante de Nate Nelson est rehaussé par un choeur qui fait écho au solliste en arrière-plan. Ce chant s'avère à la fois éthéré et pénétrant. La chanson est devenue le titre privilégié du groupe et reste l'un des morceaux les plus impressionnants des années 50.
Le groupe n'a jamais eu autant de succès avec ses autres titres. La chanson a cependant été immortalisée grâce à sa reprise dans le titre American Graffiti de George Lucas en 1973, et 25 ans plus tard dans un épisode de Buffy contre les vampires. (Source: Les 1001 chansons..., Editions Flammarion)

samedi 13 septembre 2014

What'd i say (Parts 1 & 2) (1959)

Ray Charles: What's I say (Parts 1 & 2) (1959)

What'd I Say Parts 1 & 2 by Ray Charles on Grooveshark

L'histoire de cette chanson est celle d'un improvisation digne d'un récit hollywoodien. Ray Charles et son groupe auraient eu à jouer pendant un quart d'heure supplémentaire à la fin d'un long dîner dans un club. Ayant épuisé le répertoire du groupe, Charles a commencé à exécuter un riff au piano, improvisant des paroles tandis que les musiciens se joignaient à lui. Cela a donné lieu à un déchaînement du public. Le chanteur aurait ensuite appelé Jerry Wexler, suggérant à son production que la chanson qu'il venait d'improviser avait "du potentiel".
Même ai cours de l'enregistrement en studio qui a eu lieu ensuite, réduit à l'essentiel par l'ingénieur Tom Dowd pour obtenir un morceau de 6 minutes 30, réparti sur les deux faces d'un 45 tours, What'd I say semble, étonnamment joué à l'oreille. Par la suite, Charles a interprété ce morceau à la fin de chaque concert.
En termes de structure musicale, What'd I say consiste en une poignée de couplets rimés, menés par un blues de douze mesures composé dans les règles de l'art. Mais le succès ne s'obtient pas que sur le papier. Le piano rythmé, la batterie dynamique nuancée de rythmes latins de Milt Turner et, surtout, la voix lascive et inspirée du gospel de Charles, à laquelle font écho les Raelettes, ses choristes, font de la chanson un titre remarquablement puissant et entraînant. Le succès du 45 tours montre que, parfois, ce n'est pas ce que l'on joue, mais la façon dont on le joue, qui compte. (Source: Les 1001 chansons..., Editions Flammarion)

Brand New Cadillac (1959)

Vince Taylor & His Playboys: Brand New Cadillac (1959)

Brand New Cadillac by Vince Taylor & His Playboys on Grooveshark

Après avoir passé de nombreuses années aux Etats Unis, Brian Holden, de retour dans son pays natal a adopté le nom de Vince Taylor et entrepris d'initier la Grande-Bretagne au rythme primitif et bruyant du rockabilly. Ses premiers 45 tours étaient des reprises -Right behind you baby de Ray Smith et Pledging my love de Johnny Ace-, mais sur la face B du second disque figurait ce titre écrit de sa main.
Dès les premières mesures, menées par la guitare répétitive de Joe Moretti, il apparaissait que ce morceau était novateur. Au pays des Ford Consul et des Morris Oxford, l'idée d'une petite amie conduisant une automobile dotée d'ailerons était originale. Offrant un contraste immédiat avec le style maniéré de ses contemporains britanniques, Taylor possédait une voix sauvage, qui aurai pu être enregistrée dans les studios Sun. Il s'écrie même "Hangin' on Scottie, here we go!" avant le second solo, comme s'il s'adressait au guitariste de Presley, Scotty Moore, plutôt qu'à l'écossais Moretti.
Bien que révéré par beaucoup d'artistes par la suite, de Van Morisson à Joe Strummer, le rocker vêtu totu de cuir à rapidement sombré. Devenant de plus en plus dépendant de l'alcool et des drogues, il s'était adressé au public en ces termes en 1964: "Mon nom est Mateus. Je suis le nouveau Jésus, le fils de Dieu". Il n'est pas étonnant qu'il soit devenu le modèle du personnage de Ziggy Stardust incarné par David Bowie en 1972, un personnage,qui, comme lui, finit par se détruire. (Source: Les 1001 chansons..., Editions Flammarion)

To know him is to love him (1958)

The Teddy Bears: To know him is to love him (1958)

To Know Him Is To Love Him by The Teddy Bears on Grooveshark

Phil Spector a atteint sans difficulté le sommet des palmarès dès son premier titre. Il s'était révélé doué pour écrire, produire et constituer un groupe. C'est ainsi que trois anciens lycéens de la Fairfax High School de Los Angeles se sont baptisés les Teddy Bears et ont enregistré la complainte To know him is to love him?
Adolescent, Spector s'était inspiré de l'inscription figurant sur la pierre tombale de son père pour écrire cette chanson, et avait fait appel à la petite amie de son meilleur ami, Annette Kleinbard (qui a ensuite adopté le pseudonyme de Carol Connors et est devenue un auteur de chansons réputé), afin qu'elle interprète le titre avec Marshall Leib, le troisième des Teddy Bears, ainsi que lui-même. Spector a organisé une session au cours de laquelle les Teddy Bears accompagnés du batteur débutant Sandy Nelson ont enregistré To know him is to love him en 20 minutes aux studios Gold Star de Hollywood. Le label Dore avait relégué le titre sur la face B du disque, mais un DJ de Fargo, dans le Dakota du Nord, l'a passée d'emblée. Au bout de 10 semaines de ventes, en décembre 1958, le single allait être placé en tête du Hot 100 de Billboard pendant 3 semaines.
La chanson s'est avérée extrêmement facile à adapter et était l'un des titres favoris des Beatles à leurs débuts. Elle a de nouveau figuré dans les palmarès avec Peter & Gordon et Bobby Vinton. Elle est même parvenue en tête du hit parade de la country en 1987, lorsqu'elle a été joliment détournée par le trio légendaire formé par Dolly Parton, Linda Ronstadt et Emmylou Harris. (Source: Les 1001 chansons..., Editions Flammarion)

Nel blu dipinto di blu (1958)

Domenico Modugno: Nel bliu dipinto di blu (1958)

Nel blu dipinto di blu by Domenico Modugno on Grooveshark

Nel blu dipinto di blu (Dans le bleu peint en bleu) est davantage connue simplement sous le nom de Volare (Voler) en raison de son refrain. Même s'il avait déjà un certain succès dans son Italie natale, Domenico Modugno n'a jamais fait mieux qu'avec ce titre à succès, qui a passé 5 semaines au sommet des palmarès américains en 1958, lui permettant de se voir décerner deux Grammy et trois disques d'or. Par ailleurs, tout au long de sa carrière musicale et même une fois entré en politique, l'artiste a été surnommé "Mr Volare".
Selon le coauteur du titre, Franco Migliacci, l'idée du titre, Nel blu dipinto du blu, lui est venu un jour où il regardait le dos d'un paquet de cigarettes, plongé dans ses pensées. Cela lui avait en quelque sorte inspiré l'histoire d'un homme qui rêve qu'il est emporté dans le ciel après avoir peint son visage et ses mains en bleu. Modugno l'avait aidé à élaborer les paroles et avait composé la mélodie. Arrangée pour un grand orchestre de cuivres, la chanson est bientôt devenue un tube.
Après être arrivée en tête au Festival de musique de San Remo en 1958, la chanson a été présentée par l'Italie à l'Eurovision la même année. Même si elle n'a alors atteint que la 3e place, elle a été classée seconde chanson la plus populaire dans l'histoire de l'Eurovision lors des célébrations du 50e anniversaire du concours, se voyant voler la vedette par Waterloo d'ABBA. Cliff Richard, David Bowie et les Gypsy Kings font partie des nombreux artistes ayant repris cette chanson en différentes langues. (Source: Les 1001 chansons..., Editions Flammarion)

One for my baby (and one more for the road) (1958)

Frank Sinatra: One for my baby (and one more for the road) (1958)

One For My Baby (And One More For The Road) by Frank Sinatra/Axel Stordahl & His Orchestra on Grooveshark

In the wee small hours est le premier album concept de Sinatra qui a bien marché: il contenait 16 ballades évoquant le désespoir lié à l'amour perdu (inspirées par sa séparation avec Ava Gardner), construites autour des arrangements empathiques de Nelson Riddle. Après la sortie de l'album, Sinatra a continué à réaliser des albums à thème. Only the lonely se situe dans cette dernière catégorie. One for my baby en est le morceau phare.
Composé de paroles de Johnny Mercer, auquel n'était pas étrangère non plus la douleur noyée dans l'alcool, One for my baby -un pour par chérie (et un autre pour la route)- a été interprétée pour la première fois sans conviction par un Fred Astaire trop suave dans un film de 1943, L'aventure inoubliable. Sinatra l'a ensuite chanté à deux reprises, mais aucune de ses versions n'est devenue célèbre. Dans son album, il a donc opté pour un tempo plus lent, a demandé à Riddle de rester discret et à mis en valeur le rôle du pianiste Bill Miller.
Contrairement à Astaire, Sinatra n'insiste pas sur les allusions à l'alcool. Sa version de One for y baby est surtout marquée par la façon dont il interprète le reste des paroles: il chuchote presque le premier vers, affiche un désespoir total lorsqu'il pousse le barman à "passer une musique simple et triste", et s'éloigne du micro à la fin. Dans sa biographie du chanteur, Will Friedwald décrit le morceau comme la plus belle pièce musicale dans laquelle Sinatra ait joué. (Source: Les 1001 chansons..., Editions Flammarion)

mercredi 10 septembre 2014

Fever (1958)

Peggy Lee: Fever (1958)

fever by Peggy Lee on Grooveshark

Fever a été présenté à Peggy Lee par Max Bennett, son bassiste à l'époque. Ce dernier avait entendu pour la première fois la chanson, un succès du chanteur de R&B Little Willie John en 1956, alors qu'il travaillait dans un petit club et pensé qu'elle était tout à fait faite pour Lee. La chanteuse a été d'accord: après avoir simplifié l'arrangement, effectué quelques changements de tonalité et ajouté quelques vers de son cru, qu'elle n'avait pas fait protéger par un copyright-"Cela ne m'est pas venu à l'idée", à t-elle regretté 30 ans plus tard-, elle a créé un véritable "tube".
Il y a peu de points communs entre l'original de John et la version entièrement revisitée par Lee. La voix cassée de John est plus dure et plus désespérée, et l'orchestre qui l'accompagne plus important. L'interprétation de Lee, en revanche, est plus mystérieuse et sensuelle, et uniquement accompagnée par la batterie de Shelly Manne, jouée à mains nues, par les claquements de doigts d'Howard Roberts et par la basse, non de Bennett mais de Joe Mondragon. Bennett a proposé la chanson à Lee et pensait certainement interpréter sa partition de basse, mais il n'a pas pu se rendre à la session parce qu'il étit alors en tournée avec Ella Fitzgerald.
La reprise de Peggy Lee surpassait l'original de Little Willie John, et a figuré dans le Top 10 des deux côtés de l'Atlantique en 1958. Fever est devenue sa chanson de prédilection, très prisée du public tout au long d'une carrière qui s'est étendue sur 4 décennies. Mais la carrière la plus intéressante, après Fever, a été celle de Bennett, malheureusement absent à l'époque,mais influent: ce musicien de jazz s'est reconverti en bassiste électrique. Plus d'une décennie plus tard, il participait à des classiques du rock aussi disparates que Hot Rats et Chunga's Revenge de Frank Zappa et The Hissing of Summer Lawns de Joni Mitchell. (Source: Les 1001 chansons..., Editions Flammarion)

Lonesome town (1958)

Ricky Nelson: Lonesome town (1958)

Lonesome Town by Ricky Nelson on Grooveshark

En 1958, le rock'n'roll avait si souvent évoqué des amants au coeur brisé que l'on n'espérait plus trouver d'hôtel assez grand pour les accuellir tous- il leur aurait fallu une ville entière. Mais si les paroles de Lonesome Town (Ville Solitaire) sont manifestement inspirées du thème du premier single d'Elvis pour RCA, la chanson n'est pas une imitation de Heartbreak Hotel. La ville dans laquelle "les rues sont remplies de regrets" désigne la moins accueillante des villes, Hollywood, cité du boulevard des "rêves brisés".
La ballade en mode mineur de Knight, inspirée par la simplicité austère de l'oeuvre de Hank Williams, a été écrite à l'intention des Everly Brother. Mais, de façon peut être plus appropriée, elle a ensuite été confiée a un chanteur qui avait déjà fait carrière dans le show-business. Ricky Nelson, idole des adolescents, avait en effet été l'enfant star d'une ancienne sitcom, The Adventures of Ozzie ans Harriet (une série qui a précédé  The Osbournes, qui passe actuellement sur MTV, dans laquelle la famille Nelson se met elle-même en scène). Au début, Nelson s'était lancé dans la chanson pour impressionner une fille: après que l'une d'elles lui avait longuement fait l'éloge d'Elvis, il avait affirmé qu'il était lui aussi chanteur.
Avec Lonesome Town, Nelson changeait de style; ses premiers 33 tours contenaient des morceaux de rock'n'roll assez sages. Ce n'était pas du Pat Boone, mais il était loin d'exprimer la rébellion des adolescents. Or, cette complainte empreinte de regrets fait preuve d'une maturité, annonçant sa période folk des années 60, sous le nom de "Rick" Nelson, où il se produit sans musicien, en grattant avec désespoir une guitare acoustique. Il n'est accompagné que par les Jordanaires, dont les harmonies mélancoliques évoquent les âmes perdues de la ville dont parle la chanson. Celui qui voulait ressembler à Elvis avait enfin trouvé sa voie. (Source: Les 1001 chansons..., Editions Flammarion)

Summertime Blues (1958)

Eddie Cochran: Summertime Blues (1958)

Summertime Blues by Eddie Cochran on Grooveshark

Les images emblématiques de la rébellion dans le rock'n'roll sont celles d'un jeune homme conduisant une voiture, d'un jeune homme avec une banane et d'un jeune homme avec une guitare. Eddie Cochran, mort à 21 ans, bien trop tôt, possédait ses trois caractéristiques. Il n'était musicien que depuis deux ans et a laissé à la nouvelle génération d'adolescents deux classiques intemporels, Summertime Blues et C'mon everybody. Ces chansons ont d'ailleurs inspiré un grand nombre de rockers, des Who à Marc Bolan.
Si Elvis Presley a permis au rock'n'roll  de figurer dans les palmarès des Etats Unis quelques années avant Cochran, son image était cependant davantage celle d'un sex-symbol que d'un rebelle. Eddie exprimait en revanche la colère des adolescents. Sa désapprobation quant à l'âge trop tardif du droit de vote traduisait ainsi les attentes d'une génération de jeunes désenchantés. Summertime Blues n'a rien de commun avec Rage Against the Machine, mais, à l'époque, alors que les adolescents commençaient à se forger une identité, la chanson était une véritable révolution culturelle.
L'importance de ce morceau n'a fait que croître au cours des décennies, les commentateurs du travail de Cochran semblaient incapables de ne pas utiliser le cliché de l'artiste décédé dans la fleur de l'âge, qui laisse derrière lui une oeuvre réussie. Sa mort dans un accident de voiture, à cause de l'explosion d'un pneu, a privé le monde de son intelligence et de son naturel. Qui sait? Il aurait peut être été un autre Bob Dylan. (Source: Les 1001 chansons..., Editions Flammarion)

Stagger Lee (1958)

Lloyd Price: Stagger Lee (1958)

Stagger Lee by Lloyd Price on Grooveshark

Stagger Lee est l'histoire de Lee Shelton, un conducteur de fiacre et proxénète qui, le soir de Noël 1895, a tiré sur son ami, Williams "Billy" Lyons dans un bar de Saint Louis dans le Missouri. Les deux hommes avaient bu et commençaient à se disputer sur un sujet politique. Lyons a arraché son chapeau à Lee et a refusé de le lui rendre. Lee a alors tiré sur Lyons, a récupéré son chapeau et est sorti calmement du bar. Lyons est mort de ses blessures par la suite. Lee a été jugé et condamné pour son crime et envoyé en prison.
L'impact de la chanson est lié à la figure archétypale de Stagger Lee, un homme de couleur, dur, froid et amoral qui défie l'autorité et les lois. La chanson elle-même est née au sein de communautés noires vivant le long de la partie basse du Mississippî au début du XXe siècle et a d'abord été éditée par le folkloriste John Lomax en 1910. Le musicien John Hurt, originaire dsu Mississippi, en a enregistré une version très réussie en 1928, mais il en existe bien d'autres versions.
Price a fait de la chanson un morceau de R&B, accompagné par une grande section de cuivres, plusieurs voix qui se répondent et un solo de saxophone ténor. Il l'a d'abord interprétée durant son service militaire en Corée et au Japon, de 1953 à 1956, faisant jouer aux autres soldats une pièce qu'il avait écrite, pendant que lui chantait. Libéré de ses obligations militaires, il a modifié la chanson et a été couronné de succès lorsque celle-ci a atteint la première position du Hot 100 de Billboard en janvier 1959. (Source: Les 1001 chansons..., Editions Flammarion)

At the hop (1958)

Danny & The Juniors: At the hop (1958)

At The Hop by Danny & The Juniors on Grooveshark

Avec ses quatre "bahs" en ouverture, accompagnés d'un piano endiablé dans le style de Jerry Lee Lewis, At the hop est un choc asséné à l'auditeur, lequel n'a jamais le temps de reprendre son souffle.
Le baryton Joe Terranova prononce le premier "bah" (et le premier "oh baby"), il est suivi de Danny Rapp, la voix de tête, puis du second ténor, Frank Maffei, et enfin du premier ténor, Dave White. Cet ensemble vocal s'était formé dans un lycée de Philadelphie sous le nom de The Juvenairs. Après avoir participé à des fêtes privées, et chanté dans des clubs, les quatre artistes ont été découvert par le producteur local Arthur "Artie" Singer, de la maison Singular Records. Celui ci leur a donné des cours de chant et les a convaincus de changer de nom.
Sur une démo confiée à Dick Clark, présentateur d'American Bandstand (une émission sur la danse), le groupe chante At the hop. Clark avait suggéré aux coauteurs de la chanson Dave White et John Medora de la réécrire en utilisant le mot d'argot désignant les danses de lycée, hop, plutôt que bop, la danse de l'année précédente. Le 6 janvier 1958, la nouvelle chanson figurait en tête de palmarès de Billboard, une position qu'elle a conservée 5 semaines.
Aujourd'hui, beaucoup de personnes connaissent la version frénétique de At the hop que le groupe Sha Na Na a exécuté sur scène à Woodstock. Durant les années 70, ce groupe a remis au goût du jour le rock américain de l'époque et At the hop a de nouveau connu un grand succès en 1976. (Source: Les 1001 chansons..., Editions Flammarion)

mercredi 3 septembre 2014

Yaketi yak (1958)

The Coasters: Yaketi yak (1958)

Yaketi Yak - The Coasters by CQC on Grooveshark

A la fin des années 50, les Coasters affichaient une belle réussite. Cet ensemble vocal de Los Angeles avait à son actif 14 chansons de R&B à succès, dont 6 avaient aussi figuré au Top 10 des morceaux pop. Mais Yaketi yak allait faire du groupe l'un des architectes majeurs du rock'n'roll.
Pris sous l'aile des deux célèbres auteurs de chansons, Jerry Leiber et Mike Stoller, en 1955, les Coasters ont obtenu un succès immédiat en enregistrant ce que leurs mentors appelaient des saynètes: de brèves histoires comiques. Dans le cas de Yaketi yak, la saynète évoquait la lutte quotidienne s'exerçant entre parents et adolescents à propos des corvées de ménage. "Sortez les papiers et la poubelle", ordonnent les parents. Inopinément, les enfants traduisent cela par "yakety yak". La partition vocale à 4 voix des Coasters, de style doo-wop, menée avec assurance par Carl Gardner, est ici accompagnée de la guitare frétillante d'Adolph Jacobs et du saxophone ténor dee King Curtis (qu'il appelait son "yaketi sax"). Le morceau est caractéristique de nombreux titres des Coasters.
L'année suivante, le groupe a réalisé 3 titres qui ont très bien marché, Charlie Brown, Along Came Jones et Poion Ivy, avant que leur style de musique ne deviennent démodé. Yaketi yak allait continuer de plaire. La chanson a survécu à plusieurs générations, parce qu'elle a figuré dans des compilations de musique des années 50, dans des films et surtout, dans des dessins animés. (Source: Les 1001 chansons..., Editions Flammarion)

la Bamba (Ritchie Valens) (1958)

Ritchie Valens: la Bamba (1958)

La Bamba by Ritchie Valens on Grooveshark

Bob Keane, producteur de disques de Los Angeles, a rencontré Richard Valenzuela alors qu'il n'était âgé que de 16 ans, et qu'il jouait dans un cinéma de la ville. Constatant que le garçon possédait un talent naturel, il lui a fait signer un contrat avec son label, De-Fi, et a simplifié son nom, le baptisant Ritchie Valens. Keane a aidé Valens à se perfectionner et lui a adjoint d'excellents musiciens, comme le batteur Earl Palmer et le guitariste René Hall.
Valens provenait d'une famille mexico-américaine et a grandi en écoutant des mariachis, aussi bien que du flamenco et du blues. Lorsque Keane l'a entendu interpréter La Bamba, une chanson mexicaine populaire de Veracruz, il lui a suggéré d'en faire un morceau de rock. Au début, Valens s'est montré réticent, car il ne parlait pas espagnol couramment et craignait que les Mexicains n'apprécient guère sa version. Keane a fini par le convaincre et les deux hommes ont créé un chef-d'oeuvre explosif du rock mexico-américain. La guitare sauvage de Valens convie les auditeurs à une fête mexicaine qui bat son plein. Les triples accords répétés ont influencé beaucoup de morceaux phares du rock, notamment Twist & Shout des Isley Borthers.
La Bamba avait été éditée sur la face B d'un autre titre de Valens qui avait eu du succès, Donna. Mais bientôt, les DJ ont commencé à passer également l'autre face du disque, et en janvier 1959, La Bamba s'est élevée à la 22e position du hit-parade américain. (Source: Les 1001 chansons..., Editions Flammarion)

Move it! (1958)

Cliff Richards & The Drifters: Move it! (1958)

Move It by Cliff Richard on Grooveshark

Cliff Richards & The Drifters (qui deviendraient les Shadows suite à une série de changements au sein du groupe) ont véritablement percé au cours d'une émission diffusée le samedi matin et présentant des artistes de talents au cinéma Gaumont du quartier de Shepherd's Bush à Londres. Georges Ganyou, un agent artistique de théâtre, avait financé l'enregistrement d'une démo du groupe afin que celui ci puisse faire sa promotion auprès des maisons de disques. Le producteur de EMI, Norrie Paramor, a été impressionné par ces versions de classiques du rock'n'roll comme Breathless et Lawdy Miss Clawdy et a accordé une audition au groupe. Tout cela a abouti à l'enregistrement d'un vinyle sur la face A duquel figurait Schoolboy Crush, la ballade de Bobby Helm. Sur l'autre face, on trouvait un titre de rock écrit par le guitariste londonien Ian Samwell, ancien membre des Drifters. Le titre de Samwell, Move it! , a fait sensation lorsque le producteur et diffuseur Jack Good l'a fait réinterpréter par Richard au cours de son émission télévisée, Oh Boy! Cela a permis à la chanson d'atteindre la 2e position du palmarès britanniques des singles.
La partition de guitare démultipliée était une bonne entrée en matière pour la chanson, mais celle-ci a surtout plu grâce à la sensualité ardente de ses paroles et elle a ainsi lancé la carrière de Cliff Richard, qui allait durer six décennies. Pour les britanniques, qui n'avaient jamais vu Elvis, Move it! était ce qui se rapprochait le plus de ce que faisait l'artiste américain, avant que le mouvement Beat ne remplace le rock'n'roll. (Source: Les 1001 chansons..., Editions Flammarion)

Johnny B. Goode (1958)

Chuck Berry: Johnny B. Goode (1958)

Johnny B. Goode by Chuck Berry on Grooveshark

En 1977, la NASA a lancé un disque plaqué or dans l'espace interstellaire. Ce disque de 90 minutes contenait des airs représentatifs de différentes cultures dans le monde. L'Allemagne avait choisi Bach et Beethoven, la Grande-Bretagne avait choisi un titre solennel, The Fairie Round, les Etats Unis avaient opté pour Chuck Berry et son intemporel Johnny B. Goode. 
Le choix américain est un témoignage remarquable de la manière dont un pays peut changer d'attitude en à peine 20 ans. En 1958, lorsque Berry a écrit et enregistré Johnny B. Goode, ceux qui souhaitaient en faire un message interstellaire ne comprenait pas tout à fait ce que la chanson signifiait. Si, à l'époque, les mouvements de hanches d'Elvis étaient une source d'inquiétude, ici, le personnage en question était un Noir qui écrivait toutes ses chansons, jouait de la guitare mieux que quiconque à la radio et avait l’effronterie de faire de ce morceau de rock'n'roll inquiétant une chose des plus sérieuses.
Commençant par un riff décoiffant (que Keith Richards ne désavouerait pas) qu'il avait emprunté directement à un disque de Louis Jordan, Berry racontait l'histoire d'un garçon de la campagne dont les perspectives étaient limitées, mais qui était destiné à devenir riche et célèbre, en raison de son talent inné de guitariste. En 1958, Berry avait déjà fait énormément progresser l'instrumentation et le rythme du rock'n'roll. Avec Johnny B. Goode, il allait mettre en avant ce qui lui importait le plus: lui-même. (Source: Les 1001 chansons..., Editions Flammarion)

It's only make believe (1958)

Conway Twitty: It's only make believe (1958)

It's Only Make Believe by Conway Twitty on Grooveshark

C'est en entendant jouer un musicien de hillbilly de Memphis qu'Harold Jenkins a songer à faire carrière dans le show-businness. Il a vite compris qu'il aurait besoin d'un nom de scène aussi mémorable que celui d'Elvis Presley, et il s'en est trouvé un en associant le nom des villes de Conway, dans l'Arkansas et de Twitty, au Texas.
Dans cette chanson novatrice, Twitty imite la diction peu articulée d'Elvis à la perfection, tandis que le groupe d'hommes égrenant la mélodie en chantant des "ba-ba-ba-bum" n'est autre que le propre ensemble vocal d'Elvis, The Jordanaires. Si sa sortie en 1958 tirait sans doute parti du fait que le King accomplissait son service national, It's only make believe n'a rien d'un pastiche servile et anticipe les chansons evoquant les conflits entre conjoints qui caractérisent le travail ultérieur de Presley, à l'époque de Vegas.
La chanson, qui décrit un amour à sens unique, évoque le succès des Platters de 1956, My prayer, mais si celui ci était nostalgique et optimiste, le titre de Conway Twitty est pessimiste. La tonalité de la chanson monte à chaque ligne tandis que Twitty énonce ses espoirs et ses rêves, pour les rejeter ensuite en reprenant le refrain, à l'origine du titre.
La chanson, n°1 de part et d'autre de l'Atlantique, a fait l'objet de dizaines de reprises, et annonçait aussi les mélodrames sentimentaux de Roy Orbison dans les années 60. Cela n'est pas un si mauvais héritage pour une chanson écrite en à peine 7 minutes durant l'entracte d'un concert. (Source: Les 1001 chansons..., Editions Flammarion)

dimanche 31 août 2014

You send me (1957)

Sam Cooke: You send me (1957)

You Send Me by Sam Cooke on Grooveshark

La douceur de You send me ne permet pas d'imaginer qu'elle a connu des débuts controversés. En 1957, Sam Cooke chantait du gospel au sein d'un ensemble vocal baptisé les Soul Stirrers, pour le label Specialty. Ne souhaitant pas décevoir les amateurs de gospel, il avait enregistré et édité une chanson laïque, Lovable, sous le pseudonyme de Dale Cook. Peu de gens s'y étaient trompés. Le titre avait entraîné la séparation de Cooke et des Soul Stirrers, et le chanteur avait démarré une carrière solo.
Resté chez Specialty, Cooke a redoublé d'efforts pour créer un disque plaisant à un large public, en travaillant avec le producteur Bumps Blackwell sur de nouvelles chansons, dont ses propres titres pop. Mais en entendant les hcanteurs qui accompagnaient Cooke, qui n'étaient plus des voix noires, le propriétaire du label Art Rupe avait protesté, disant à Cooke et à Blackwell qu'ils étaient allés trop loin.
Pour résoudre le problème, Blackwell a racheté à Rupe le contrat de Cooke et ses maquettes. You send me a ensuite été édité par le nouveau label de Bob Keane, Keen, et Charles "L.C." Cooke, le frère de Sam en a été désigné comme l'auteur pour des raisons d'ordre juridique. La face B du disque contenait une version peu connue de Summertime.
Le single a rapidement gravi les hit-parades, devenant n°1 des palmarès pop et R&B et atteignant des ventes supérieures à 2 millions d'exemplaires. (Source: Les 1001 chansons..., Editions Atlas)

When I fall in love (1957)

Nat King Cole: When I fall in love (1957)

Nat King Cole by When I Fall In Love on Grooveshark

Nat King Cole est devenu célèbre à la fin des années 30 en jouant du piano dans un trio. Dans les années 50, il s'est mis à chanter et a réalisé une série de succès pop qui n'avaient rien à voir avec sa spécialité, le jazz. Le sacrifice a été grand: certains de ses enregistrements ultérieurs sont un peu trop mièvres, par facilité. Mais le 33 tours, Love is the Thing, édité en 1957, est d'une grande perfection. Il s'agissait du premier album que Cole réalisait avec Gordon Jenkins. Contrairement à ses contemporains, comme Leson Riddle, Jenkins n'avait jamais réellement fait de swing. Il fallait donc un bon chanteur de ballades pour améliorer ses partitions parfois sirupeuses. Et à la fin des années 50, Nat King Cole était assez bon pour cela.
C'est dans When I fall in love que le duo atteint son apogée. Cette chanson avait d'abord été interprétée dans un film avec Robert Mitchum, Une minute avant l'heure H, sorti en 1952. Elle avait ensuite figuré au hit-parade grâce à Doris Day. Cole était modeste quant à ses capacités vocale, mais son phrasé est ici impeccable, s'arquant avec fluidité au dessus des cordes très présentes et se transformant en une section au rythme doux, presque imperceptible. Jenkins est également excellent; même sa harpe scintillante, qu'il affectionne, est ici utilisée avec intelligence. Grand succès en Grande Bretagne au moment de sa sortie, cet enregistrement a de nouveau figuré au hit parade britannique en 1987, six ans que la chanson ne soit [reprise] par Céline Dion et Clive Griffin dans Nuits Blanches à Seattle. (Source: Les 1001 chansons..., Editions Flammarion)

Little darlin' (1957)

The Diamonds: Little darlin' (1957)

Little Darlin' by The Diamonds on Grooveshark

Les puristes du doo-wop affichent un certain mépris à l'égard des Diamonds, un quartette canadien bon chic bon genre qui a bâti sa carrière sur l'interprétation de chansons destinées à des ensembles vocaux de Noirs. Mais avec Little darlin', qui n'a fait l'objet que d'un seul enregistrement, les Diamonds ont transformé ce qui aurait pu n'être qu'une pâle copie du genre en un véritable succès (n°2 aux Etats Unis). La version originale, enregistrée par l'auteur de chansons Maurice Williams avec un groupe The Gladiolas, était un mélange innovant de R&B, de rumba et de calypso, mais a été desservie par sa mauvaise qualité (elle avait été enregistrée dans l'arrière-salle d'un magasin de disques du Tennessee).
Les Diamonds avaient conservé l'arrangement initial de la chanson, mais en avaient fait une comédie, grâce à un déchaînement de castagnettes en ouverture et aux la-la-la énoncés d'une voix de fausset par le ténor Ted Kowalski. Il n'y a pas de batterie dans cette version. La première voix, Dave Sommerville, avait transformé la prestation sobre de Williams en une parodie, en exagérant la fin de chaque vers (My dear-ah, I was wrong-ah, qui signifie"Ma chère-ah, j'avias tort-ah).
A un moment, Bill Reed, doté d'une voix de basse suave, s'avance pour un interlude parlé de huit mesures dans le style mélodieux et théâtral rendu populaire par Hoppy Jones, des Ink Spots. Ce passage a inspiré une prestation de Bobby Pickett, qui allait emprunter la voix sépulcrale de Boris Karloff, star de films d'horreur. Cela allait donner lieu à Monster Mash, en 1962. (Source: Les 1001 chansons..., Editions Flammarion)

That'll be the day (1957)

Buddy Holly & the Crickets: That'll be the day (1957)

That’ll Be the Day by Buddy Holly on Grooveshark

That'll be the day, chanson de Buddy Holly, a figuré en tête du hit-parade et à donné naissance à l'une des légendes du rock'n'roll. Cette chanson était très éloignée de sa version de 1956, plus lente, d'une tonalité plus élevée et...qui n'avait rien à voir avec le rock'n'roll. Il est donc pardonnable que le label Decca ne l'ait ni apprécié, ni éditée.
Toutefois, l'éliminer purement et simplement n'était pas très avisé (de même que rejeter les démos des Beatles, mais ceci est une autre histoire), et Holly, libre de toute obligation, a présenté sa démo au producteur Norman Petty. Petty était à l'originie du succès de Buddy Knox Party Doll. Avec un nouvel orchestre baptisé The Crickets, composé de Jerry Allison (à la batterie), de Joe B. Mauldin (à la contrebasse) et de Nikki Sullivan (à la guitare) Holly a enregistré une version plus nerveuse de la chanson, dont la tessiture était plus agréable, afin que Petty puisse l'adapter au label de Knox, Roulette.
Roulette a refusé la chanson, de même que Columbia, RCA et Atlantic. Mais lorsque Bob Thiele, directeur artistique chez Brunswick (une filiale de Decca!), a entendu la démo, il a signé un contrat avec Holly. Decca était encore propriétaire de That'll be the day de Buddy Holly, aussi Thiele a t'il édité un nouvel enregistrement de la chanson sous le nom de son groupe The Crickets. Avec une instrumentation composée de deux guitares, d'une batterie et d'une contrebasse, et de la voix de tête, entrecoupée de hoquets, de Holly, le morceau marquait le début de l'orchestre de rock moderne. (Source: Les 1001 chansons..., Editions Flammarion)

Whole lot of shakin' going on (1957)

Jerry Lee Lewis: Whole lot of shakin' going on (1957)

Whole Lot of Shakin' Going On by Jerry Lee Lewis on Grooveshark

Déterminé à se produire au Studio Sun, Jerry Lee Lewis avait financé son voyage à Memphis, fin 1956 en vendant des oeufs. Sam Philips était lors absent, mais le producteur Jack Clement avait autorisé le jeune homme à effectuer une audition. Invité à revenir, Lewis a enregistré ce qui allait devenir son premier single chez Sun, Crazy Arms/End of the road. Au cours d'une seconde session, dont Clement était de nouveau le producteur, il avait enregistré Whole lot of shakin' going on, l'un des disque majeurs de l'histoire de la pop.
La chanson n'était pas nouvelle. Une version produite par Quincy Jones et enregistré par le chanteur et pianiste de R&B Big Maybelle en mars 1955 n'avait pas marché. Cependant, elle était devenue un classique des prestations de Lewis sur scène et après qu'elle a été accueillie avec frénésie dans un petit club de l'Arkansas en 1957, Lewis a été convaincu qu'il devait la présenter au Studio Sun.
Sorti dans l'indifférence générale, le disque a dû son succès à la  télévision. Des millions de personnes ont apprécié la façon spectaculaire dont Jerry Lee Lewis interprétait la chanson lorsqu'il a fait sa première apparition à la télévision dans The Steve Allen Show, ce qui a permis au disque de prendre la tête du palmarès de Billboard durant l'été 1957, et d'être finalement vendu à plus de 6 millions d'exemplaires. Jerry Lee Lewis venait de réaliser sa première chanson à succès (n°3 aux Etats Unis et n°8 en Grande-Bretagne). Tous les chanteurs de rock'n'roll l'on interprétée, de Cliff Richard à Little Richard. (Source: Les 1001 chansons..., Editions Flammarion)

samedi 30 août 2014

Rock Island Line (1956)

Lonnie Donegan Skiffle Group: Rock Island Line (1956)

Rock Island Line by Lonnie Donegan on Grooveshark

Rock Island Line a favorisé l'engouement de courte durée pour le skiffle, apparu en Grand-Bretagne vers 1955. Lonnie Donegan, natif de Glasgow, avait été surnommé "roi du skiffle" après avoir interprété cette version d'une vieille chanson de prisonniers de l'Arkansas, évoquant manifestement le chemin de fer de Rock Island qui reliait Chicago au Mississippi. Le titre a occupé la 8e position des palmarès des deux côtés de l’Atlantique. Le chanteur de country Lead Belly a été le premier à l'enregistrer, en 1930. Cependant, la version débridée de Donegan, chantée à une vitesse stupéfiante, répondait précisément aux attentes d'une nouvelle génération d'adolescents britanniques. Le disque de la chanson était aussi l'un des premiers à faire l'objet d'une publicité à la télévision.
Don Cornell et Johnny Cash on respectivement réinterprété cette chanson en 1956 et 1970, avec un succès modéré aux Etats Unis. Cash l'avait aussi reprise en 1957, mais l'énergie palpable de Lonnie Donegan et sa voix nasillarde ont sans doute plu aux jeunes gens impressionnables, notamment à John Lennon, alors âgé de 16 ans, qui a alors adopté le style de jeu et la manière de chanter de Donegan. Contrairement au morceau de la face B, John Henry, qui est devenu un classique de la musique traditionnelle grâce à sa reprise par Bruce Springsteen, Rock Island Line a attiré peu de grands artistes, mais a en revanche été repris par la Mano Negra et Little Richard & Fishbone dans les années 80. (Source: Les 1001 chansons..., Editions Flammarion)

Just the gigolo/ I ain't got nobody (1956)

Louis Prima: Just the gigolo/ I ain't got nobody (1956)

Just a Gigolo / I Ain't Got Nobody by Louis Prima on Grooveshark

Né de parents italiens à la Nouvelle Orléans en 1910, Louis Prima a connu un certain succès dans les années 1930 en tant que chef d'orchestre à New York, mais l'évolution des goût l'a fait disparaître de la scène. En 1954, Prima et son orchestre, dirigé par le jeune saxophoniste de la Nouvelle Orléans Sam Butera et incluant désormais l'épouse de Prima, Keely Smith, ont été engagés pour se produire dans le salon du casino Sahara à Las Vegas. En l'espace de quelques mois, le chanteur a repris sa carrière, en inventant le concept de loisirs de salon à Las Vegas.
Ce superbe pot-pourri exécuté en direct au studio ressemblait beaucoup à ce que le groupe faisait alors: il était bruyant, joyeux et incontrôlable. Soutenues par l'orchestre qui visiblement s'amusait beaucoup, les paroles de Prima ont transformé le morceau en une sorte d'hybride italo-américain se situant entre louis Armstrong et Louis Jordan. Réunies sans doute par Butera, les deux chansons n'ont pas de rapport, mais la touche personnelle de Prima leur permet d'être présentées comme un titre unique.
Au moment où les Beatles commençaient à être connus à New York en 1964, Prima était encore en train de se battre pour être dans le vent. Il n'a fait que survivre à la période du rock'n'roll, avant d'être salué pour son interprétation de la chanson du roi Louie dans Le Livre de la jungle. (Source: Les 1001 chansons..., Editions Flammarion)

I put a spell on you (Screamin' Jay Hawkins) (1956)

Screamin' Jay Hawkins: I put a spell on you (1956)

I Put a Spell on You by Screamin' Jay Hawkins on Grooveshark

I put a spell on you est un enregistrement réellement extraordinaire, qualifié de "cannibalistique". La chanson a été bannie des programmes radiophoniques lorsqu'elle a été éditée par la filiale spécialisée dans le R&B de Columbia Records, Okeh, en 1956. L'orchestre dont faisait partie le saxophoniste Sam "The Man" Taylor joue une valse de style jazzy relativement discrète, tandis que l'ancien boxeur qu'était Hawkins crie, braille, hurle et gémit tout du long.
Le titre n'a jamais été un grand "tube", mais a fini par être vendu à 1 million d'exemplaires. Hawkins aimait dire qu'il avait souhaité que la chanson soit une ballade, mais que sa prestation démente était le résultat d'une fête au studio au cours de laquelle il était tellement ivre qu'il avait oublié la session d'enregistrement. Il avait soi disant dû apprendre la chanson en écoutant le disque pour pouvoir l'interpréter en direct. Encouragé par le DJ new yorkais Alan Freed, Hawkins avait conçu un numéro pour accompagner cette chanson originale. Il arrivait donc sur scène dans un cercueil avec une cape et un crâne baptisé Henry.
I put a spell on you figure dans le film de Jim Jarmush Stranger than paradise de 1984, et Hawkins lui-même a joué le rôle d'un employé de bureau dans Mystery Train du même réalisateur en 1989. Hawkins a part ailleur eu une grande influence sur le shock rock, avec ses disciples comme Alice Cooper, Arthur Brown et Screaming Lord Sutch. (Source: Les 1001 chansons..., Editions Flammarion)

Folsom Prison Blues (1956)

Johnny Cash: Folsom Prison Blues (1956)

Folsom Prison Blues by Johnny Cash on Grooveshark

Bien que sortie en 1956, ce n'est que lors de sa réédition que l'album live At Folsom Prison en 1968 que Folsom Prison Blues a atteint la 1ere position du hit-parade américain de Billboard. Cash a eu l'idée d'écrire cette chanson après avoir vu un documentaire intitulé Inside the Walls of Folsom Prison (A l'intérieur des murs de la prison de Folsom) en 1951. Il s'est inspiré de la chanson Crescent City Blues de Gordon Jenkins; en 1968, Jenkins attaque Cash en justice et gagne le procès.
Cash s'identifiait étroitement aux prisonniers et aux opprimés et avait associé deux des thèmes les plus appréciés de la musique populaire: la prison et le train. A propos des vers mémorables de la chanson que l'on peut traduire par "J'ai tiré sur un homme à Reno/Simplement pour le voir mourir", Cash avait déclaré: "Je m'étais assis, un crayon à la main, tentant de penser à la pire raison pour laquelle une personne voudrait en tuer une autre, et c'est cela qui m'est venu à l'esprit."
Cash allait devenir un habitué de l'univers carcéral, se produisant devant les prisonniers. Toutefois, les cris qui accompagnent les vers les plus sombres de la chanson sur la version live auraient été ajoutés après l'enregistrement, car les prisonniers craignaient trop les représailles de leurs gardiens. Cash interprétait souvent Folsom Prison blues durant ses concerts, un titre emblématique de son image d'homme vêtu de noir, rebelle, qui lui a permis d'influencer le monde de la musique du rockabilly au punk. (Source: Les 1001 chansons..., Editions Flammarion)