dimanche 21 septembre 2014

I fall to pieces (1961)

Patsy Cline: I fall to pieces (1961)

I Fall to Pieces by Patsy Cline on Grooveshark

Patsy Cline n'a pas été la première femme a s'imposer dans le monde de la country-Patsy Montana et Kitty Wells y étaient parvenues avant elle-, mais elle a beaucoup contribué à l'écriture du grnad livre de ce genre musical et son enseignement a profondément marqué la quasi-totalité des interprètes, de George Jones à Trisha Yearwood. Si Montana a donné un son très simples à ses disques et Wells, chanté sur un ton nasillard bien en accord avec celui de ses guitaristes, le style fluide de Patsy Cline a combiné le désir de raconter une bonne histoire country et le sens du tragique d'une chanteuse pop.
Elle a été assistée en cela par Owen Bradley, responsable du bureau de Nashville de Decca où elle signa avec ce label en 1960. Cline avait connu un premier succès en 1957 avec Walkin' After Midnight, mais aucun de ses singles suivants n'avait accedé aux hit-parades. Le changement de label lui a été bénéfique. Première collaboration du duo, I fall to pieces est arrivé en première place dans les hit-parades country et a réussi à se placer en 12e position dans le Hot 100 de Billboard.
Cline a assis sa réputation en faisant suivre I fall to pieces par Crazy, un des premiers tubes écrits par Willies Nelson. La carrière prometteuse de la chanteuse s'est achevée brutalement en 1963 quand, à 30 ans, elle a péri dans le crash de l'avion qui transportait également les chanteurs Cowboy Copas et Hawkshaw Hawkins. Le pilote était Randy Hugues, le manager de Cline. (Source: Les 1001 chansons..., Editions Flammarion)

Johnny remember me (1961)

John Leyton: Johnny remember me (1961)

Johnny Remember Me by John Leyton on Grooveshark

Les "death discs" ou "disques tragiques", ont connu un bref succès pendant l'ère préBeatles en racontant des drames adolescents culminant dans des histoires à la Romeo et Juliette.
Ce qui est peut être le meilleur exemple du genre a été enregistré dans le cadre assez improbable d'un appartement de Holloway Road, à Londres: des câbles reliant les diverses pièces, l'acteur de télévision John Leyton chantait dans le salon et les choristes dans la salle de bains, la section des cordes campait dans l'escalier et, dans la cuisine, Joe Meek mixait le tout et comprimait lourdement l'ensemble pour créer ce son brillant et aigu qui le caractérisait. Le résultat a été un véritable ouragan, avec Billy Guy raclant sa guitare en un implaccable flamenco, tandis que le batteur Bobby Graham et le bassiste Chas Hodges (futur membre du duo "rockney" Chas & Dave) suivaient un tempo ultrarapide sorti totu droit du tube country de Vaughn Monroe Rides in the sky (1949)
Le parolier Geoff Goddard avait évité de préciser que "la fille que j'ai aimée et perdue il y a un an" était bien morte, mais le chant éthéré de Lissa Gray ne permettait aucune ambiguïté. Les rapports avec le monde des esprits allaient toutefois plus loin que quelques effets sonores inquiétants: en septembre 1961, Goddard expliquait dans la revue Psychic News que la chanson lui avait été dictée en rêve par le fantôme de Buddy Holly. Le chanteur à lunettes est encore revenu pour lui apprendre qu'elle serait n°1- ce qui s'est vérifié. (Source: Les 1001 chansons..., Editions Flammarion)

Back door man (1961)

Howlin' Wolf: Back door man (1961)

Back Door Man by Howlin' Wolf on Grooveshark

Willie Dixon était l'un des acteurs de la meilleure musique de blues de Chicago de l'après-guerre; Muddy Waters, Little Walter et Howlin Wolf ont occupé le devant de la scène grâce àWillie Dixon, lequel a écrit, produit et/ou joué sur nombre de tubes de ces bluesmen.
Wolf est certainement celui qui a profité le plus de son association avec Dixon. Après  avoir connu le succès en 1954 avec Evil de Dixon, Wolf a recouru presque exclusivement aux compositions de ce dernier pendant la première partie des années 60. Il s'est ensuivi l'une des plus impressionnantes séries de tubes de l'histoire du blues avec des classiques tel que Spoonful, The Red Rooster (également intitulé Little Red Rooster) ou encore Back Door Man. Ce titre correspondait parfaitement à Wolf-une ballade nocturne au texte à la fois angoissant et sexuel. Wolf incarne si bien le personnage de la chanson que l'inquiétude s'était emparée de tous les maris de son voisinage. Il est on ne peut plus crédible dans son rôle de Casanova/.prédateur avec des phrases aussi menaçante que "When everybody's trying to sleep/ I'm somewhere making my midnight creep" (Quand tout le monde cherche à dormir, je suis là a m'approcher à pas de loup). L'accompagnement musical plutôt lent est assuré par les musiciens de studio habituels de Wolf.
Cette chanson est sortie en face B de Wang Dang Doodle. Présente sur divers albums, elle est devenue un standard du blues. La reprise la plus connue est celle des Doors en 1967, sur leur album homonyme. (Source: Les 1001 chansons..., Editions Flammarion)

Lazy River (1961)

Bobby Darin: Lazy River (1961)

Lazy River by Bobby Darin on Grooveshark

Bobby Darin était au summum de sa carrière vers 1960. Il avait enchaîné d'innombrables succès dont Splish Slpash et Dream Lover (qu'il avait lui-même écrits), et des reprises avec big band de standards comme Mack the knife ou encore Beyond the Sea, version anglaise de La Mer de Charles Trenet. Il triomphait sur scène et passait régulièrement dans les clubs de LasVegas ou au Copacabana de New York.
Atco, le label de Darin, souhaitait le voir changer de style et tirer profit de la vague montante du rock'n'roll. Darin a préféré suivre le conseil de son amie et agent, Harriet "Hesh" Wasser, et continuer à faire ce qu'il faisait le mieux: des morceaux jazz-pop dans un style swing.
Le choix de Lazy River en 1961 pouvait paraître surprenant. Ecrite par Hoagy Carmichael en 1932 et interprétée par lui avec toute la nonchalance que suggère le titre ( "rivière paresseuse"), cette chanson ne semblait pas convenir au personnage de Darin. Les reprises précédentes avaient conservé l'esprit de la version de Carmichael, hormis l'interprétation de Roberta Sherwood en 1956 qui avait injecté une dose de rythme Nouvelle-Orléans dans ce standard bien calibré. Grâce à l'arrangement puissant, merveilleusement orchestré, de Richard Wess, Darin en a fait un morceau enlevé qui s'est classé au Top 20 américain et a confirmé le statut de grand chanteur de swing de son interprète.
Darin mourra en 1973. Selon sa volonté, son corps a été donné à la science. (Source: Les 1001 chansons..., Editions Flammarion)

Spanish Harlem (1961)

Ben E King: Spanish Harlem (1961)

Spanish Harlem by Ben E. King on Grooveshark

Né en Caroline du Nord en 1938, le chanteur de soul Ben Nelson est allé vivre à Harlem quand il avait 9 ans. Il est entré en 1958 dans la petite formation de doo-wop des Five Crowns dont les musiciens venaient remplacer les Drifters, le manager de ces derniers les ayant congédiés au bout de quelques mois. Nelson a chanté dix chansons des nouveaux Drifters et a coécrit le tube There goes my baby en 1959, puis a quitté le groupe en 1960 lorsqu'on lui a refusé une augmentation de salaire et des royalties convenables.
Nelson a pris alors le nom de Ben E. King et entamé une carrière solo. Son premier succès évoque le quartier de son enfance. On ne peut pas dire que les paroles de Lieber soient d'un très haut niveau mais cela n'a pas d'importance, vu le charme de la mélodie et l'éclat de son arrangement. Beaucoup de choses sont dites en 3 minutes à peine. Les marimbas d'ouverture, la mélodie délicieusement syncopée, l'écho discret, les cordes et l'accompagnement vocal des Gospelaires (dont Dionne Warwick), tout concourt à créer une nostalgie très latino.
Spanish Harlem a été un succès, mais n'est arrivé qu'en 15e position au hit parade R&B de Billboard; il a aussi été n°10 dans son hit-parade de la pop. C'est pourtant devenu un standard très populaire et ses reprises son innombrables (The Mamas & The Papas, Trini Lopez ou encore John Barry); la version d'Aretha Franklin est certainement la plus belle de toutes. (Source: Les 1001 chansons..., Editions Flammarion)

mercredi 17 septembre 2014

Shakin' all over (1960)

Johnny Kidd & the Pirates: Shakin' all over (1960)

Shakin' All Over by Johnny Kid & The Pirates on Grooveshark

Des propos absurdes de Lonnie Donegan avoquant "une ligne de chemin de fer" au large de la Nouvelle Orléans à l'imitation d'Elvis par Cliff Richard (la première en Angleterre), on peut dire que le chemin du rock'n'roll a été ponctué par toute sorte d'emprunts. C'est seulement avec le quatrième 45 tours d'un groupe londonnien, Johnny Kidd & The Pirates, que le rock britannique a trouvé ses marques et appris à innover plutôt qu'à imiter. Pourtant, comme le tube Move it de Cliff en 1958, Shakin' all over (n°1 en Angleterre) devait à l'origine constituer la face B d'un single moins sauvage-dans le cas présent, un vénérable air de jazz intitulé Yes sir, That's my baby.
Ecrite à la hâte dans un bar de Soho la veille de l'enregistrement, la face B en question a été gravée en une seule prise. Avec son fort accent anglais, le borgne Johnny Kid (de son vrai nom Fred Heath) récite une litanie de sensations, inspirée d'une remarque que faisaient ses amis et lui même quand ils voyaient passer une belle fille: "She gives me the quivers down the membranes" (Elle me fait palpiter les membranes).
Les Pirates ont recruté le musicien de studio écossait, Joe Moretti pour son accroche à la guitare en mode mineur; il a créé l'effet de "tremblement" en overdub précédant le refrain en faisant glisser un briquet sur les touchettes, ce qui lui a valu de gagner une livre sterling de plus que prévu par contrat.
L'atmosphère spectrale est due au picking délicat d'Alan Caddy, qui évolue dans le registre supérieur tel un écho en pizzicato à la ligne de basse de Brian Gregg. Dans le solo mémorable de Moretti-précédé d'un roulement de tambour de Clem Cattini (ajouté pour étoffer le disque)-, on entend déjà les prémices de la guitare de George Harrison ou de Keith Richards. (Source: Les 1001 chansons..., Editions Flammarion)

September song (1960)

Ella Fitzgerald: September song (1960)

September Song by Ella Fitzgerald on Grooveshark

En avril 1960, Ella Fitzgerald a fait une pause après l'enregistrement long et difficile de sa série Great American songbook. Avec pour tout accompagnateur le pianiste Paul Smith, elle a gravé 13 chansons pour la bande originale de Que personne n'écrive mon épitaphe. Adapté d'un roman de Willard Motley, le film de Philip Leacock a pour cadre la pauvreté et le crime dans le South Side de Chicago. Ella y joue une pianiste droguée, Flora, aux côtés d'acteurs tels que Shelley Winters, Jean Seberg et Burl Ives. Chacun a oublié le film, mais on peut en entendre la musique sur le CD the Intimate Ella. 
Une des chansons avait pour auteur Kurt Weil, compositeur juif allemand qui avait fui son pays à l'arrivée des nazis et s'était réfugié en Amérique en 1935. Là, il a oublié ses partitions engagées pour les pièces de Bertolt Brecth et s'est lancé dans la chanson et le music-hall. C'est dans l'une de ses premières comédies musicales, Knickerbocker Holiday, jouée à Braodway en 1938, que l'on entend pour la première fois September song.
Lente, langoureuse, la chanson parle d'un amoureux qui passe "quelques jours précieux" avec sa bien aimée. Ella caresse la chanson plus qu'elle ne la chante, et sa voix puissante se fait ici murmure. Le pianiste Paul Smith ne pourrait être meilleur accompagnateur. Ce moment d'intimité a été souvent repris, mais la version guitare jazz de Django Reinhardt est sans aucun doute la plus belle. (Source: Les 1001 chansons..., Editions Flammarion)