Patsy Cline n'a pas été la première femme a s'imposer dans le monde de la country-Patsy Montana et Kitty Wells y étaient parvenues avant elle-, mais elle a beaucoup contribué à l'écriture du grnad livre de ce genre musical et son enseignement a profondément marqué la quasi-totalité des interprètes, de George Jones à Trisha Yearwood. Si Montana a donné un son très simples à ses disques et Wells, chanté sur un ton nasillard bien en accord avec celui de ses guitaristes, le style fluide de Patsy Cline a combiné le désir de raconter une bonne histoire country et le sens du tragique d'une chanteuse pop.
Elle a été assistée en cela par Owen Bradley, responsable du bureau de Nashville de Decca où elle signa avec ce label en 1960. Cline avait connu un premier succès en 1957 avec Walkin' After Midnight, mais aucun de ses singles suivants n'avait accedé aux hit-parades. Le changement de label lui a été bénéfique. Première collaboration du duo, I fall to pieces est arrivé en première place dans les hit-parades country et a réussi à se placer en 12e position dans le Hot 100 de Billboard.
Cline a assis sa réputation en faisant suivre I fall to pieces par Crazy, un des premiers tubes écrits par Willies Nelson. La carrière prometteuse de la chanteuse s'est achevée brutalement en 1963 quand, à 30 ans, elle a péri dans le crash de l'avion qui transportait également les chanteurs Cowboy Copas et Hawkshaw Hawkins. Le pilote était Randy Hugues, le manager de Cline. (Source: Les 1001 chansons..., Editions Flammarion)
Les "death discs" ou "disques tragiques", ont connu un bref succès pendant l'ère préBeatles en racontant des drames adolescents culminant dans des histoires à la Romeo et Juliette.
Ce qui est peut être le meilleur exemple du genre a été enregistré dans le cadre assez improbable d'un appartement de Holloway Road, à Londres: des câbles reliant les diverses pièces, l'acteur de télévision John Leyton chantait dans le salon et les choristes dans la salle de bains, la section des cordes campait dans l'escalier et, dans la cuisine, Joe Meek mixait le tout et comprimait lourdement l'ensemble pour créer ce son brillant et aigu qui le caractérisait. Le résultat a été un véritable ouragan, avec Billy Guy raclant sa guitare en un implaccable flamenco, tandis que le batteur Bobby Graham et le bassiste Chas Hodges (futur membre du duo "rockney" Chas & Dave) suivaient un tempo ultrarapide sorti totu droit du tube country de Vaughn Monroe Rides in the sky (1949)
Le parolier Geoff Goddard avait évité de préciser que "la fille que j'ai aimée et perdue il y a un an" était bien morte, mais le chant éthéré de Lissa Gray ne permettait aucune ambiguïté. Les rapports avec le monde des esprits allaient toutefois plus loin que quelques effets sonores inquiétants: en septembre 1961, Goddard expliquait dans la revue Psychic News que la chanson lui avait été dictée en rêve par le fantôme de Buddy Holly. Le chanteur à lunettes est encore revenu pour lui apprendre qu'elle serait n°1- ce qui s'est vérifié. (Source: Les 1001 chansons..., Editions Flammarion)
Willie Dixon était l'un des acteurs de la meilleure musique de blues de Chicago de l'après-guerre; Muddy Waters, Little Walter et Howlin Wolf ont occupé le devant de la scène grâce àWillie Dixon, lequel a écrit, produit et/ou joué sur nombre de tubes de ces bluesmen.
Wolf est certainement celui qui a profité le plus de son association avec Dixon. Après avoir connu le succès en 1954 avec Evil de Dixon, Wolf a recouru presque exclusivement aux compositions de ce dernier pendant la première partie des années 60. Il s'est ensuivi l'une des plus impressionnantes séries de tubes de l'histoire du blues avec des classiques tel que Spoonful, The Red Rooster (également intitulé Little Red Rooster) ou encore Back Door Man. Ce titre correspondait parfaitement à Wolf-une ballade nocturne au texte à la fois angoissant et sexuel. Wolf incarne si bien le personnage de la chanson que l'inquiétude s'était emparée de tous les maris de son voisinage. Il est on ne peut plus crédible dans son rôle de Casanova/.prédateur avec des phrases aussi menaçante que "When everybody's trying to sleep/ I'm somewhere making my midnight creep" (Quand tout le monde cherche à dormir, je suis là a m'approcher à pas de loup). L'accompagnement musical plutôt lent est assuré par les musiciens de studio habituels de Wolf.
Cette chanson est sortie en face B de Wang Dang Doodle. Présente sur divers albums, elle est devenue un standard du blues. La reprise la plus connue est celle des Doors en 1967, sur leur album homonyme. (Source: Les 1001 chansons..., Editions Flammarion)
Bobby Darin était au summum de sa carrière vers 1960. Il avait enchaîné d'innombrables succès dont Splish Slpash et Dream Lover (qu'il avait lui-même écrits), et des reprises avec big band de standards comme Mack the knife ou encore Beyond the Sea, version anglaise de La Mer de Charles Trenet. Il triomphait sur scène et passait régulièrement dans les clubs de LasVegas ou au Copacabana de New York.
Atco, le label de Darin, souhaitait le voir changer de style et tirer profit de la vague montante du rock'n'roll. Darin a préféré suivre le conseil de son amie et agent, Harriet "Hesh" Wasser, et continuer à faire ce qu'il faisait le mieux: des morceaux jazz-pop dans un style swing.
Le choix de Lazy River en 1961 pouvait paraître surprenant. Ecrite par Hoagy Carmichael en 1932 et interprétée par lui avec toute la nonchalance que suggère le titre ( "rivière paresseuse"), cette chanson ne semblait pas convenir au personnage de Darin. Les reprises précédentes avaient conservé l'esprit de la version de Carmichael, hormis l'interprétation de Roberta Sherwood en 1956 qui avait injecté une dose de rythme Nouvelle-Orléans dans ce standard bien calibré. Grâce à l'arrangement puissant, merveilleusement orchestré, de Richard Wess, Darin en a fait un morceau enlevé qui s'est classé au Top 20 américain et a confirmé le statut de grand chanteur de swing de son interprète.
Darin mourra en 1973. Selon sa volonté, son corps a été donné à la science. (Source: Les 1001 chansons..., Editions Flammarion)
Né en Caroline du Nord en 1938, le chanteur de soul Ben Nelson est allé vivre à Harlem quand il avait 9 ans. Il est entré en 1958 dans la petite formation de doo-wop des Five Crowns dont les musiciens venaient remplacer les Drifters, le manager de ces derniers les ayant congédiés au bout de quelques mois. Nelson a chanté dix chansons des nouveaux Drifters et a coécrit le tube There goes my baby en 1959, puis a quitté le groupe en 1960 lorsqu'on lui a refusé une augmentation de salaire et des royalties convenables.
Nelson a pris alors le nom de Ben E. King et entamé une carrière solo. Son premier succès évoque le quartier de son enfance. On ne peut pas dire que les paroles de Lieber soient d'un très haut niveau mais cela n'a pas d'importance, vu le charme de la mélodie et l'éclat de son arrangement. Beaucoup de choses sont dites en 3 minutes à peine. Les marimbas d'ouverture, la mélodie délicieusement syncopée, l'écho discret, les cordes et l'accompagnement vocal des Gospelaires (dont Dionne Warwick), tout concourt à créer une nostalgie très latino. Spanish Harlem a été un succès, mais n'est arrivé qu'en 15e position au hit parade R&B de Billboard; il a aussi été n°10 dans son hit-parade de la pop. C'est pourtant devenu un standard très populaire et ses reprises son innombrables (The Mamas & The Papas, Trini Lopez ou encore John Barry); la version d'Aretha Franklin est certainement la plus belle de toutes. (Source: Les 1001 chansons..., Editions Flammarion)
Des propos absurdes de Lonnie Donegan avoquant "une ligne de chemin de fer" au large de la Nouvelle Orléans à l'imitation d'Elvis par Cliff Richard (la première en Angleterre), on peut dire que le chemin du rock'n'roll a été ponctué par toute sorte d'emprunts. C'est seulement avec le quatrième 45 tours d'un groupe londonnien, Johnny Kidd & The Pirates, que le rock britannique a trouvé ses marques et appris à innover plutôt qu'à imiter. Pourtant, comme le tube Move it de Cliff en 1958, Shakin' all over (n°1 en Angleterre) devait à l'origine constituer la face B d'un single moins sauvage-dans le cas présent, un vénérable air de jazz intitulé Yes sir, That's my baby.
Ecrite à la hâte dans un bar de Soho la veille de l'enregistrement, la face B en question a été gravée en une seule prise. Avec son fort accent anglais, le borgne Johnny Kid (de son vrai nom Fred Heath) récite une litanie de sensations, inspirée d'une remarque que faisaient ses amis et lui même quand ils voyaient passer une belle fille: "She gives me the quivers down the membranes" (Elle me fait palpiter les membranes).
Les Pirates ont recruté le musicien de studio écossait, Joe Moretti pour son accroche à la guitare en mode mineur; il a créé l'effet de "tremblement" en overdub précédant le refrain en faisant glisser un briquet sur les touchettes, ce qui lui a valu de gagner une livre sterling de plus que prévu par contrat.
L'atmosphère spectrale est due au picking délicat d'Alan Caddy, qui évolue dans le registre supérieur tel un écho en pizzicato à la ligne de basse de Brian Gregg. Dans le solo mémorable de Moretti-précédé d'un roulement de tambour de Clem Cattini (ajouté pour étoffer le disque)-, on entend déjà les prémices de la guitare de George Harrison ou de Keith Richards. (Source: Les 1001 chansons..., Editions Flammarion)
En avril 1960, Ella Fitzgerald a fait une pause après l'enregistrement long et difficile de sa série Great American songbook. Avec pour tout accompagnateur le pianiste Paul Smith, elle a gravé 13 chansons pour la bande originale de Que personne n'écrive mon épitaphe. Adapté d'un roman de Willard Motley, le film de Philip Leacock a pour cadre la pauvreté et le crime dans le South Side de Chicago. Ella y joue une pianiste droguée, Flora, aux côtés d'acteurs tels que Shelley Winters, Jean Seberg et Burl Ives. Chacun a oublié le film, mais on peut en entendre la musique sur le CD the Intimate Ella.
Une des chansons avait pour auteur Kurt Weil, compositeur juif allemand qui avait fui son pays à l'arrivée des nazis et s'était réfugié en Amérique en 1935. Là, il a oublié ses partitions engagées pour les pièces de Bertolt Brecth et s'est lancé dans la chanson et le music-hall. C'est dans l'une de ses premières comédies musicales, Knickerbocker Holiday, jouée à Braodway en 1938, que l'on entend pour la première fois September song.
Lente, langoureuse, la chanson parle d'un amoureux qui passe "quelques jours précieux" avec sa bien aimée. Ella caresse la chanson plus qu'elle ne la chante, et sa voix puissante se fait ici murmure. Le pianiste Paul Smith ne pourrait être meilleur accompagnateur. Ce moment d'intimité a été souvent repris, mais la version guitare jazz de Django Reinhardt est sans aucun doute la plus belle. (Source: Les 1001 chansons..., Editions Flammarion)
Classé n°1 de Billboard en 1961, cette chanson de The Shirelles est importante, car elle a ouvert la voie au girl groups qui ont dominé la pop jusqu'à ce que les Beatles déferlent sur l'Amérique. Dans le sillage du n°2 des Drifters, There goes my baby, elle a scellé la relation entre soul et riffs joués sur des cordes. Surtout, elle a repoussé les tabous d'une sexualité explicite et jeté judicieusement un pont entre l'Amérique d'Eisenhower (quand elle a été enregistrée) et celle de Kennedy (quand elle est entrée dans les hit-parades).
The Shirelles n'ont pas sauté de joie en apprenant que Gerry Goffin avait mis des paroles sur un air que son épouse, Carole King avait oublié sur son magnétophone. De plus, leur chanteuse solo Shirley Owens, n'aimait pas trop l'histoire qu'il lui fallait raconter. On était pourtant à deux doigts de Hair, de Oh! Calcutta! et de l'amour libre. Cette chanson est L'Amant de Lady Chatterley de la pop.
Bien que brillamment interprété et doté d'une mélodie de qualité, ce morceau doit tout à l'audace incroyable de ses paroles. Un adolescente envisage de sacrifier sa virginité et exige de son petit ami qu'il soit toujours là quoi qu'il advienne (n'oublions pas qu'à cette époque, la pilule n'existait pas et que l'avortement était interdit). Le titre a été repris par de nombreux artistes dont Dusty Springfield, Dionne Warwick, les Bee Gees, Cliff Richard et Brian Ferry. (Source: Les 1001 chansons..., Editions Flammarion)
Elle était chanteuse, actrice et militante politique. Elle a chanté pour des présidents et été reçue par le pape. Elle a été la première Africaine a remporter un Grammy et on la surnommait "Mama Afrika" ou encore "l'impératrice de la chanson africaine". Miriam Makeba est surtout connue en dehors du continent noir pour sa chanson Pata pata qui a d'ailleurs été repris par Sylvie Vartan sous le titre Tape tape.
Son interprétation d'une chanson traditionnelle xhosa, Qongqothwane, a initié le public occidental à la musique africaine. Les Amricains, tout particulièrement, ont été émerveillés par la série de "clicks présents en xhosa, la langue natale de Makeba. Le Time a comparé au "bruit d'un bouchon de champagne qui saute" ces sont étonnants nés, pour certains, du claquement de la langue contre l'arrière des dents. Dès les premières critiques parues dans Billboard en 1960, les journalistes l'ont surnommée la "click click girl". The Clik song sera pendant 50 ans un morceau incontournable de tous ses concerts même si Miriam Makeba, ambassadrice de la conscience noire, n'ignorait pas l'aspect "exotique" du morceau. C'est seulement après la fin de l'apartheid qu'elle a enregistré une nouvelle version en studio pour son ultime album, Reflections (2004). (Source: Les 1001 chansons..., Editions Flammarion)
Il est évident que l'industrie musicale jamaïcaine existait bien avant la sortie de Oh Carolina, mais cette chanson marque pour beaucoup le début de la maturité musicale de la Jamaïque. On a ici affaire au premier enregistrement à la saveur rasta, à la première production de Prince Buster et au premier exemple d'une pop jamaïcaine qui se voudrait intemporelle.
Les Folkes Brothers (John, Mico et Junior) ont rencontre Prince Buster dans le magasin de vins et spiritueux de Duke Reid, où ils passaient une audition. Ils chantaient du mento (une musique jamaïcaine des années 30 proche du Calypso); mais Buster y décela quelque chose d'assez personnel. Il s'était déjà fait un nom avec ses sonos d'extérieur et cherchait à présent à s'imposer comme producteur et propriétaire de label. Impressionné par les trois frères, il les a invités à enregistrer. Oh Carolina est née en studio de l'enthousiasme des trois frères, accompagnés par Owen Gray au piano et par Count Ossie, un vieux rasta qui jouait du nyahbhingi (instrument de percussion d'origine africaine).
La chanson a connu un succès immédiat en Jamaïque et a valu à Prince Buster de s'imposer dans le petit monde du show-busisness. Les Folkes Brothers ont disparu assez rapidement; cependant, lorsque le changteur reggae Shaggy a repris Oh Carolina, John Folkes a attaqué Prince Buster, qui s'était attribué la paternité des paroles. Il a remporté son procès... et les royalties y afférentes. (Source: Les 1001 chansons..., Editions Flammarion)
Appelée à juste titre la "Reine des gitans", Esma Redzepova fait connaître au monde entier depuis 50 ans la musique tzigane des Balkans. Née dans une famille rom de Skopje, en Macédoine, elle danse et chante depuis l'enfance. Après avoir remporté un concours de chant en 1956, Esma est remarquée par le chef d'orchestre macédonien Stevo Teodosievski et quitte l'école pour devenir chanteuse professionnelle.
Pour avoir chanté en macédonien, en serbe et dans sa langue natale, le romani, Esma était très appréciée du président Tito, le dirigeant de la Yougoslavie, qui l'a envoyée avec l'ensemble Teodosievski à l'étranger en tant que représentants de la Yougoslavie socialiste: le mariage réussi entre ballades orientales et airs de danse des Balkans a su conquérir un vaste public. Chaje Shukarije ("La belle fille" en romani) a été l'un des premiers succès d'Esma: il parle d'un jeune homme amoureux d'une beauté qui le repousse. Avec son accordéon, sa clarinette et ses battements de mains frénétiques, le refrain de Chaje Shukarije fait hurler les foules chaque fois qu'Esma l'entonne. Devenu un standard des Balkans, cette chanson a été jouée par d'innombrables fanfares tziganes, des chanteurs pop ou encore des orchestres de jazz. En 2007, elle a accompagné le générique d'ouverture du film Borat! de Sacha Baron Cohen. Esma était une légende vivante des Balkans et son action auprès des réfugiés des guerres yougoslaves lui a valu d'être proposée à deux reprises pour le prix Nobel de la paix. (Source: Les 1001 chansons..., Editions Flammarion)
Idole de la pop, Billy Fury, de son vrai nom Ronald Wycherley, était un artiste de studio, un compositeur et un rocker de talent, très remarqué par ses prestations sur scène ou à la télévision. Wondrous Place convenait à merveille à l'homme au costume en lamé argent. Ciselé par deux auteurs d'Elvis et gravé à l'origine aux Etats Unis par Jim "Handyman" Jones, ce morceau a été le Heartbreak Hotel de la pop anglaise, chambre d'écho comprise. Comme Fury, le producteur de télévision Jack Good était convaincu que l'atmosphère étrange, un peu distante, de la chanson constituait un excellent choix: "On voulait tous les deux quelque chose évoquant les bayous comme le Crawfish d'Elvis Presley. Billy était fabuleux sur scène quand il jouait ça."
Avec d'inquiétantes pauses vocales et un accompagnement instrumental minimaliste, cette chanson marchait très bien en concert. Fury l'aimait tant qu'il l'a enregistré à 5 reprises. Même si c'est aujourd'hui un classique du rock'n'roll anglais au même titre que Move it! de Cliff Richard et Endless Sleep de Marty Wilde, ce titre n'a jamais fait mieux que n°25 dans les hit-parades des singles anglais.
La chanson a franchi les décennies. Il y a quelques années, une pub télé pour la Toyota Yaris la reprenait et le chouchou des Indés, The Last Shadow Puppets, en a enregistré une version fabuleuse en 2008 pour la face B de son premier single. (Source: Les 1001 chansons..., Editions Flammarion)
Le premier grand succès de Pierre Perret, qui n'oublia pas là le café de ses parents à Castelsarrasin. (Source: Y'a d'la France en chansons, Editions Larousse)
Qu'il chante l'amour, la fraternité, la liberté ou la révolte, Ferrat n'a jamais voulu séparer poésie et engagement. Et ses auteurs de prédilection sont ceux qui, à l'instar d'Aragon ou d'Eluard, ont marqué l'histoire de la Résistance, ou celle de l'antifascisme, parfois jusqu'au sacrifice de leur vie, comme Federico Garcia Lorca auquel il consacre un texte couronne, en 1962, par le prix Henri Crolla. Mais c'est au nom d'Aragon que le parcours de Ferrat est surtout attaché. Le chanteur a 25 ans, en 1956, lorsqu'il met en musique le célèbre poème Les yeux d'Elsa, interprétée par une vedette de l'époque, André Claveau. On ignore, alors, qui est Ferrat. 18 ans plus tard, tout a changé. Le chanteur, qui vient d'annoncer qu'il abandonne la scène, sort un album au fort retentissement. Sans matraquage médiatique, Ferrat chante Aragon sera vendu a plus de 2 millions d'exemplaires. Plus tard, en 1992, sortira une intégrale Ferrat/Aragon, suivie 3 ans après d'un deuxième volume d 16 nouveaux poèmes. (Source: Y'a d'la France en chansons, Editions Larousse)
En 1963, L'école est finie, second enregistrement d'Annie Chancel, dite Sheila, devient la meilleure vente de 45 tours jamais réalisée jusqu'alors. Sheila plaît à toutes les générations, des teenagers, à ces adultes effrayés par les exubérances de la vague de fond yéyé. Elle a, c'est vrai, de quoi rassurer avec son sourire de sage fille de marchand de bonbons, ses couettes pas vraiment d'époque, sa jupe plissée et ses socquettes blanches, quand la mode est au jean et, déjà au cuir. Un autre de ses succès va enfoncer un peu le clou. Elle s'y proclame avec autant de fierté que d'enthousiasme, Petite fille de français moyen. Le titre, qui lui va comme un gant, fait mouche en cette période d'expansion économique, où même les plus modestes améliorent notablement leurs conditions de vie. (Source: Y'a d'la France en chansons, Editions Larousse)
Jacques Mareuil avait écrit cette chanson, qui lui rappelait des souvenirs coquins de jeunesse en Bretagne, pour une chanteuse en vogue. Mais il n'appréciait pas du tout la musique que celle-ci voulait mettre dessus: un cha cha cha. Il rencontre alors Charles Aznavour, qui lui, est emballé et compose rapidement une mélodie bien mieux adaptée. Gentlemen, les deux musiciens écriront plusieurs titres pour la chanteuse, en dédommagement.
A la fin 2000, dans un tour de chant des adieux au Palais des Congrès, Aznavour présentera cette chansons de façon très originale, sur le côté de la scène et accompagné seulement de trois musiciens. (Source: Y'a d'la France en chansons, Editions Larousse)
Deux ans après l'indépendance de l'Algérie et l'exode de centaines de milliers de pieds-noirs, cette chanson donne une image optimiste de l'intégration de ceux-ci en métropole. Une image pas si éloignée de la réalité...(Source: Y'a d'la France en chansons, Editions Larousse)
Longtemps, la vie d'André Verchuren, le roi du musette, s'est résumée à 150 galas par an, honorés en parcourant plus de 100 000 kilomètres. A sa manière, le musicien est l'homme de tous les records avec plus de 60 millions de disques vendus. De bals populaires en galas privés, son accordéon a fait tournoyer sur les parquets cirés plus de 15 millions de personnes. Tout commence en 1927, quand osn père lui transmet sa passion pour le "piano à bretelles". Il n'a que 6 ans. Trois années plus tard, le gamin qui rêvait de gloire cycliste anime ses premiers galas. Il va très vite rafler tous les prix des concours. En 1934, il est sacré "champion du monde" de l'instrument. La guerre va balayer cette gloire naissante. Depuis, l'accordéoniste le plus illustre de France a volé de succès en succès avec des classiques du genre, les chansons du moment ou ses propres créations: au début des années 60, il se classe en tête des hit-parades avec Le carillon d'Alsace et Les fiancés d'Auvergne. Son nom a même brillé sur le fronton de l'Olympia. Au total, il aura vendu plus de 70 millions de disques. Ses deux fils, André Junior et Harry Williams ont repris le flambeau. (Source: Y'a d'la France en chansons, Editions Larousse)
Dès son premier album, la moitié des chansons de Georges Brassens évoquent la mort. Il y est notamment question du fossoyeur qui enterre à contrecoeur ses clients. La "camarde", comme il aime appeler la mort, est présente du début à la fin de son oeuvre, parfois simplement évoquée comme dans la Chanson pour l'Auvergnat ou dans Pauvre Martin. Chanson particulièrement populaire bien que complexe dans sa composition, la Supplique pour être enterré à la plage de Sète traite le sujet avec un détachement plein de poésie et de mélancolie souriante. D'autres compositions, et pas des moindres, décrivent le trépas avec ironie et même dérision. Trompe la mort et Funérailles d'antan sont l'occasion de railler avec bonhomie nos rituels, qu'il s'agisse de la tournée des tombes à la Toussaint ou des veillées funèbres qui devenaient vite, en d'autres temps, l'occasion de se retrouver et même de festoyer. Mais Brassens a aussi mis en mots et en musique l'usure irréparable du temps, la vieillesse. Là encore, avec un humour complice, il assure ici qu'il n'est pas pressé, pour mieux confier ailleurs que le cheveu blanchissant n'est qu'un subterfuge pour camoufler un "appétit" de jeune homme. Brassens s'ingénie, d'un couplet à l'autre, à repousser l'échéance, parce que, comme l'affirme l'une de ses phrases les plus célèbres: "Mourir pour des idées, d'accord, mais de mort lente." (Source: Y'a d'la France en chansons, Editions Larousse)