Lonnie Donegan Skiffle Group: Rock Island Line (1956)
Rock Island Line a favorisé l'engouement de courte durée pour le skiffle, apparu en Grand-Bretagne vers 1955. Lonnie Donegan, natif de Glasgow, avait été surnommé "roi du skiffle" après avoir interprété cette version d'une vieille chanson de prisonniers de l'Arkansas, évoquant manifestement le chemin de fer de Rock Island qui reliait Chicago au Mississippi. Le titre a occupé la 8e position des palmarès des deux côtés de l’Atlantique. Le chanteur de country Lead Belly a été le premier à l'enregistrer, en 1930. Cependant, la version débridée de Donegan, chantée à une vitesse stupéfiante, répondait précisément aux attentes d'une nouvelle génération d'adolescents britanniques. Le disque de la chanson était aussi l'un des premiers à faire l'objet d'une publicité à la télévision.
Don Cornell et Johnny Cash on respectivement réinterprété cette chanson en 1956 et 1970, avec un succès modéré aux Etats Unis. Cash l'avait aussi reprise en 1957, mais l'énergie palpable de Lonnie Donegan et sa voix nasillarde ont sans doute plu aux jeunes gens impressionnables, notamment à John Lennon, alors âgé de 16 ans, qui a alors adopté le style de jeu et la manière de chanter de Donegan. Contrairement au morceau de la face B, John Henry, qui est devenu un classique de la musique traditionnelle grâce à sa reprise par Bruce Springsteen, Rock Island Line a attiré peu de grands artistes, mais a en revanche été repris par la Mano Negra et Little Richard & Fishbone dans les années 80. (Source: Les 1001 chansons..., Editions Flammarion)
Les compostions de Leiber et Stoller pour The Coasters font partie de certains des souvenirs les plus persistants de l'époque du rock'n'roll. Pourtant, ce titre destiné à leur prédécesseurs, The Robins, riens n'est pas moins impressionnant.
Les sirènes hurlantes et le "rat-rat-rat" des armes de tommy constituent le début de l'histoire d'une émeute en prison, illustrée par un riff fanfaron dans le style de Muddy Waters. Les paroles sont interprétées d'une merveilleuse voix traînante et indifférente par Richard Berry, le compositeur de Louie Louie. Cette chanson semblait insurrectionnelle-le FBI en avait d'ailleurs fait analyser les paroles-mais Lieber a affirmé que Riot in Cell Block No 9 n'avait pas de sens caché et qu'elle avait été inspirée par l'émission de radio "Gang Busters".
Pourtant, rien dans les paroles ne laisse supposer que l'histoire est humoristique. Et la fin, que l'on peut traduire par "à la 47e heure, le gaz lacrymogène a eu raison de nos gars/Nous sommes tous de retour dans nos cellules, mais de temps à autre...", laisse penser que tout cela n'est pas terminé. Jailhouse Rock d'Elvis, également écrite par Lieber et Stoller, est un morceau plus léger ayant trait à un thème identique, et l'album classique de Sly Stone datant de 1971, There's a riot goin' on, reprend des éléments sombre de la chanson originale des Robins, et les utilise pour raconter l'histoire d'un pays encore agité par les questions de race, présent au Vietnam et déchiré par les émeutes. (Source: Les 1001 chansons..., Editions Flammarion)
Souvent cité comme étant le premier disque de rock'n'roll, Rocket 88 permet d'entendre le piano martelé d'un certain Izear Luster Turner Jr, plusieurs années avant qu'il ne rencontre sa future épouse, Anna Mae Bullock, et que les deux artistes ne deviennent célèbres sous les noms d'Ike et de Tina Turner. En mars 1951, Turner et son orchestre, The Kings of Rythm, partent réaliser une session d'enregistrement dans le studio de Sam Phillips (le futur Studio Sun), au 706 Union Avenue à Memphis dans le Tennessee. Le chanteur et saxophoniste de l'orchestre, qui était le cousin de Turner, Jackie Brenston, a alors chanté Rocket 88, une ode à l'Odsmobile 88, produite pour la première fois en 1949 et célèbre pour son moteur Rocket V8. Phillips a vendu la matrice au label Chess Records de Chicago, qui a sorti la chanson en transformant le nom de l'artiste en Jackie Breston & His Delta Cats. Tout cela a contrarié Turner, car le disque a occupé la première place du hit-parade R&B du magazine Billboard. Breston en a aussi été considéré comme l'unique auteur, un fait que Turner a contesté.
Sur l'enregistrement, le son de la guitare est distordu, brouillé. Cela serait dû selon Phillips a l'amplificateur de Willie Kizart, qui était tombé du toit de la voiture du groupe, ce qui avait provoqué une perforation du cône; Phillips avait tenté de le réparer en introduisant du papier dans la déchirure. Good golly, Miss Molly (1958) de Little Richard reprend le riff au piano exécuté par Ike Turner dans Rocket 88, qui provenait lui même de Cadillac boogie (1947) de Jimmy Liggins. (Source: Les 1001 chansons..., Editions Flammarion)
Le compositeur Bobby Troup, qui traversait les Etats Unis d'est en ouest en voiture entre la Pennsylvanie et Los Angeles, avait eu l'idée d'une chanson ayant trait à la Route 66, qu'il avait empruntée. Il en avait rapidement trouvé la mélodie et le titre, mais avait eu plus de difficulté a en élaborer les paroles. Finalement, il s'était inspiré des villes qu'il avait traversées au long de sa route, d Saint Louis et Joplin, dans le Missouri, à Flagstaff, dans l'Arizona. Il avait ensuite effectué un petit crochet vers l'est, par Winona ("Don't forget Winona", N'oublies pas Winona), avant de reprendre la route de l'ouest, San Bernardino en Californie, la fin de son voyage.
Troup a écrit la chanson pour Nat King Cole, dont le trio a connu un grand succès. Route 66 célèbre la liberté qu'offre la route, soulignant la destinée manifeste des Américains à coloniser leur continent. La construction de la Route 66 a commencé en 1925, et celle-ci est devenue utilisable en 1932. Elle couvrait à l'origine une distance de 3 939 km entre Chicago et Los Angeles. Elle reliait le Sud rural aux villes industrielles du Nord et aux villes ensoleillées de Californie.
La version enregistrée par Cole est un jazz légèrement swingué, mené par le piano, accompagné par une voix au style caractéristique, mais d'autres artistes, comme Chuck Berry et The Rolling Stones, en ont fait un classique du R&B. Quant à la Route 66, elle a été remplacée par des autoroutes reliant les Etats et d'autres grandes routes, et est rarement empruntée aujourd'hui. (Source: Les 1001 chansons..., Editions Flammarion)
Durant la Seconde Guerre mondiale, environ 20 000 GI ont stationné à Trinité, manifestement en vue de repousser les invasions. Déplorant cette situation, un musicien local utilisant le nom de scène de Lord Invader a commenté cet "envahissement social des Américains" dans un calypso intitulé Rum & Coca Cola. La chanson est un exposé paillard de la prostitution officieuse qui s'est alors développé: "Both mother and daughter/Workin' for the Yankee dollar" (La mère comme la fille/ Travaillent pour les dollars yankee). Rum & Coca Cola était à la fois le cocktail préféré des militaires et une métaphore du mélange des deux cultures. Lord Invader s'était inspiré pour la mélodie d'un air appelé L'Année passée, dont les droits étaient détenus par Lionel Belasco, un autre auteur de calypsos de Trinité.
Le morceau a connu un énorme succès à Trinité en 1943. En 1945, une chanson très proche interprétée par les Andrews Sisters, possédant le même titre, le même sujet et des paroles parfois identiques, est devenu le titre le plus vendu aux Etats Unis. Elle a été attribuée à l'auteur Morey Amsterdam et à ses deux associés. La version des Andrews Sisters traite à la légère les problèmes évoqués par Lord Invader et imite de façon caricaturale l'accent de Trinité. Au cours du procès consécutif à cette affaire, il est apparu qu'Amsterdam, qui s'était rendu sur l'île au moment où la chanson d Lord Invader connaissait un grand succès, avait enfreint le droit d'auteur, et Lord Invader s'est vu allouer une indemnité confidentielle en réparation. (Source: Les 1001 chansons..., Editions Flammarion)
Au début des années 50, bien loin de Saint Germain des Prés, les Champs Elysées sont à la mode, et particulièrement le bar Pam Pam (à côté de l'éternel Fouquet's, et bien avant le Drugstore). Deux jeunes fantaisistes-Roger Pierre et Jean-Marc Thibault- se révèlent alors. Ils feront leur chemin ensuite... (Source: Y'a d'la France en chansons, Editions Larousse)
Cette chanson consacrée à une rue du Marais, dans le IVe arrondissement de Paris, a été écrite par Jean-Paul Sartre pour sa pièce Huis-clos. Le philosophe connaissait la jeune Juliette Gréco, qu'il avait rencontré au Tabou, la célèbre cave de Saint Germain des Prés. Juliette voulait alors se lancer dans la chanson et, pour monter son premier répertoire, elle s'était adressée à ses amis Sartre, Queneau et Kosma. Excusez du peu... (Source: Y'a d'la France en chansons, Editions Larousse)
Rive gauche, titre extrait de l'album Au ras des paquerettes (1999) évoque une époque -1945-1970- qui, artistiquement, a beaucoup marqué Alain Souchon. Comme Ferré, Brel et Brassens, ses modèles, c'est dans les cabarets de la rive gauche parisienne qu'il fait ses premiers pas. La bohème va durer une dizaine d'années pour celui qui court, alors, les cachets, guitare sous le bras. De ses débuts, il garde surtout le souvenir d'une certaine maladresse, de musiques et de textes trop peu naturels pour convaincre et séduire. Après trois disques confidentiels entre 1971 et 1974, tout bascule avec J'ai dix ans, son premier succès. Alain Souchon vient de rencontrer Laurent Voulzy. Pour cadrer avec les mélodies de son nouvel ami, il épure son écriture, introduit dans ses phrases l’ellipse, un argot de son temps, des anglicismes. Un style vient de naître, l'emportant vers des sommets qu'il ne quittera plus, même si, au fil des années, il laisse de plus en plus de temps s'écouler entre deux enregistrements. (Source: Y'a d'la France en chansons, Editions Larousse)
De l'appartement de la rue de Lappe où il est né, Francis Lemarque entendait l'accordéon du bal des Trois Colonnes, situé au rez-de-chaussée. Fils d'émigrés polonais et lituaniens, il raconte dans ses Mémoires comment, gamin, il collait son nez aux vitres des bals musettes et prenait plaisir à écouter les orchestres place de la Bastille. A 6 ans, il chante dans les cours avec son frère. Le duo se poursuit au sein de la fédération des théâtres ouvriers de France, qui développe ses activités dans les quartiers de la capitale. Francis Lemarque, alors employé dans une usine métallurgique, devenant l'ami de Charles Prévert, présente ses premières compositions à Yves Montand, qui va devenir l'un de ses principaux interprètes. Parmi les centaines de chansons qu'il a écrites, beaucoup célèbrent Paris, ses visages particuliers et certaine ambiances qu'on ne trouve que là. En 1977, avec la complicité de Georges Coulonges, Francis Lemarque signe même un oratorio sur sa ville de prédilection, Paris Populi. (Source: Y'a d'la France en chansons", Editions Larousse)
A bien des égards, les années sombres représentèrent, pour le cinéma français, un âge d'or. Les spectateurs se pressaient dans les salles obscures qui présentaient par surcroît l'avantage d'être chauffées. Les Français voulaient surtout oublier la guerre, un impératif auquel les réalisateurs s'efforcèrent de souscrire. En règle générale, les cinéastes évitèrent les oeuvres de propagande, préférant situer leurs films dans des époques reculées-Moyen Âge pour Les Visiteurs du soir, XIXe siècle pour Pontcarral, colonel d'Empire. Certes, l'époque, parfois, rappelait ses droits. Marcel Pagnol dans La fille du Puisatier, reprenait des valeurs proches du pétainisme et Jean Mamy, dans Forces occultes, dénonçait la franc-maçonnerie. Mais les 225 films français produits entre 1940 et 1944 cherchaient le plus souvent à distraire. Objectif largement atteint, même si des oeuvres plus exigeantes comme Le Corbeau de Clouzot furent également tournées pendant cette période. Résultat qui ne pouvait que satisfaire Goebbels. N'avait il pas recommandé à ses services d'encourager la production de "films légers, vides et si possibles stupides"? (Source: Y'a d'la France en chansons, Editions Larousse)
L'année 1917 est considérée comme "l'année terrible": le moral des troupes baisse et l'on compte plusieurs mutineries. Le front n'a que mépris pour "l'arrière" et "les planqués". On ressent bien ce climat tendu sous l'humour grinçant de la chanson. (Source: Y'a d'la France en chansons, Editions Larousse)
On se plonge dans une douce rêverie en songeant à toutes les chansons que Jean Sablon a créées; Il a donné une véritable modernité à la chanson française. D'origine roumaine, le compositeur Alec Siniavine fut aussi un brillant chef d'orchestre, qui aida à la réalisation des meilleurs enregistrements de Jean Sablon: un seul couvert, Please, James, Syracuse, Ces petites choses, etc. (Source: La Chanson Française à travers ses succès: Pierre Saka, Editions Larousse)
La mythique idylle des amants de Vérone a inspiré Gérard Presgurvic pour écrire une partition op de toute beauté. La chanson Les Rois du monde constitue un moment privilégié de Roméo et Juliette, comédie musicale créée au Palais des Sports de Paris en janvier 2001. Chantée en trio, elle était régulièrement reprise en choeur par le public. C'est aussi l'un des très gros succès du disque de ce début de millénaire! (Source: Fascicule "L'encyclopédie de la chanson française n°24", Universal Collections)
Cette ancienne danseuse, née en 1965 dnas la province de Bahia, au Brésil, de son vrai nom Daniela Mercuri de Almeida Povoas, est l'une des chanteuses brésiliennes les plus célèbres de par le monde dans un style qui n'appartient qu'à elle, à la fois fidèle aux racines de la samba et envahi par les rythmiques tropicales. Après deux albums avec le groupe Pop Companhia Clic à la fin des années 80, elle a publié 7 albums en solo qui s'écoulent régulièrement à plus d'un million d'exemplaires; le tube Rapunzel est tiré de Eletrica, un disque chaudement recommandé! (Source: Fascicule "La Discothèque du 20e siècle: 1998", Polygram Direct)
Les Corrs sont constitués de trois soeurs-Andrea (chant), Caroline (batterie) et Sharon (violon)- et de leur frère Jim (guitare, claviers). Dès son premier album sorti en 1996, intitulé Forgiven not forgotten, la formation irlandaise trouve le juste milieu entre musique celtique et pop. Runaway est à cet égard une grande réussite. Classée outre-Manche en 1996, la chanson remixée y fera une seconde entrée remarquée 3 ans plus tard, cette fois pour atteindre la 2e place. (Source: Fascicule "Au Coeur des Slows n°20", Universal Collections)
Premier coup d'éclat du rappeur américain Warren G (flanqué à ses débuts par Nate Dogg, à ne pas confondre avec Snood Doggy Dogg), Regulate est un tube en France au coeur de l'hiver 1995. Il enchaîne ensuite avec this DJ et des reprises plutôt opportunistes de What's love got to do with it ( tube pour Tina Turner en 1984) et de I shot the sheriff (de Bob Marley, également un succès pour Eric Clapton au milieu des seventies) en 1996-97. (Source: Fascicule "La Discothèque du 20e siècle: 1995", Polygram Direct)
Après Engelberg en 1991, l'album Carcassonne vient confirmer deux ans plus tard, le talent atypique de Stephan Eicher qui, sur des mots forts, forge une musique mélodique et romantique du meilleur effet. On aurait en effet bien du mal à lui trouver un équivalent dans les pays de langue francophone. Sans doute est-ce pour cela (et aussi pour le talent d'écrivain de Philippe Djian) que Rivière s'insinue fort agréablement dans les esprits. (Source: Fascicule "Au Coeur des Slows n°13", Universal Collections)
Avec l'album Rio Grande, au demeurant l'un de ses touts meilleurs, Eddy Mitchell exaltait à nouveau le rêve (ou plus exactement-son rêve américain, celui des grands espaces de l'Ouest, des westerns et d'une musique entre country et rock. L'album a été produit par Ian Taylor, qui n'est autre que le collaborateur fétiche du guitariste de blues Gary Moore. La chanson-titre est, comme toujours, née de la complicité entre Eddy et Pierre Papadiamandis. Sorti en single, Rio Grande est entrée dans les hit-parades en août 1993. (Source: Fascicule "L'encyclopédie de la chanson française n°24", Universal Collections)
Les initiales SWV signifient Sisters With Voices et s'appliquent aux chanteuses new-yorkaises Cheryl Gamble, Tamara Johnson et Leanne Lyons. Pour elles, tout à vraiment commencé en 1992, lorsque It's about time a pris le monde par surprise. Sur cet album certifié de platine se trouvent plusieurs autres tubes, dont le single Right here pour lequel Michael Jackson est venu soutenir Cheryl, Tamara et Leanne! Rap, chansons a cappella, soul, funk, telle est la recette gagnante de SWV! (Source: Fascicule "Au Coeur des Slows n°11", Universal Collections)
Tout juste honorée par le Grand Prix de la Sacem en décembre de l'année précédente, Véronique Sanson se voit décorée de l'Ordre du mérite en 1992. Mais les honneurs officiels ne sont que des instants dans la vie de la chanteuse. A partir de février, et durant 3 mois elle enregistre son 10e album (Sans regrets) à Los Angeles. Ce sera un disque capital. Il scellera plusieurs retrouvailles: avec Bernard Saint Paul, tout d'abord, qui reprendra sa place de directeur artistique qu'il avait quittées quelques années auparavant; retrouvailles également avec son ancien compagnon Bernard Swell. Le résultat est magnifique et l'album se vend à plus de 300 000 exemplaires en moins d'un an. Rien que de l'eau fut écrite à l’origine en anglais par Bernard Swell. C'est ensemble que Véronique et lui en signent l'adaptation française. (Source: Fascicule "Les plus belles chansons françaises n°29", Editions Atlas)